Washington, sous la présidence de Donald Trump, s’apprête à renforcer les restrictions d’entrée sur son territoire. Et l’Afrique semble être la grande perdante de cette nouvelle politique. Selon le New York Times, 22 pays africains figurent sur une liste préliminaire de 43 États ciblés par des limitations de visas et d’entrée aux États-Unis. Si ces mesures se confirment, elles pourraient avoir des conséquences majeures pour des millions de voyageurs, ainsi que pour les relations diplomatiques et économiques entre Washington et le continent africain.
L’administration Trump aurait établi une classification des pays concernés selon trois niveaux de restriction :
• Catégorie rouge : interdiction totale d’entrée aux États-Unis. La Libye et le Soudan en feraient partie.
• Catégorie orange : délivrance de visas extrêmement limitées, avec quelques exceptions. L’Érythrée, la Sierra Leone et le Soudan du Sud seraient concernés.
• Catégorie jaune : restrictions plus souples avec un délai de 60 jours pour rectifier les lacunes sécuritaires identifiées par Washington. Le Burkina Faso, la RDC, le Bénin, le Tchad et le Mali figureraient sur cette liste.
Les pays placés en catégorie jaune auraient ainsi une fenêtre diplomatique pour négocier leur maintien dans des conditions d’entrée moins sévères. Cependant, s’ils ne se conforment pas aux exigences américaines, ils risquent de basculer vers des restrictions plus sévères.
Sécurité ou politique migratoire déguisée pour Washington ?
Officiellement, la justification avancée par Washington repose sur des critères de sécurité nationale, notamment le partage d’informations sur les voyageurs et la délivrance des passeports. Cependant, ces nouvelles restrictions rappellent fortement les politiques migratoires controversées de l’ère Trump, notamment le « Muslim Ban » de 2017, qui avait déjà touché plusieurs pays africains et du Moyen-Orient.
Derrière ces mesures se cache une vision plus large de l’immigration, souvent perçue par l’administration Trump comme une menace. Ces décisions pourraient réduire drastiquement les flux de voyageurs africains vers les États-Unis, qu’il s’agisse de professionnels, d’étudiants, d’hommes d’affaires ou de simples touristes.
Lire Aussi : Bolloré face à la justice : cette plainte inédite pourrait rebattre les cartes
Des conséquences économiques et diplomatiques majeures
Si ces restrictions sont appliquées, elles pourraient détériorer les relations entre Washington et plusieurs capitales africaines. L’Afrique, où la Chine gagne du terrain en tant que partenaire économique privilégié, pourrait voir ces nouvelles mesures comme une manifestation supplémentaire du désengagement américain sur le continent.
D’un point de vue économique, des milliers d’étudiants et de travailleurs qualifiés africains pourraient être privés d’opportunités aux États-Unis, un pays où l’immigration africaine a pourtant joué un rôle clé dans certains secteurs, notamment la santé et la technologie. De plus, les restrictions sur les voyages d’affaires risquent d’affaiblir les échanges économiques et les investissements entre Washington et l’Afrique.
Lire Aussi : Présidentielle ivoirienne : Gbagbo hors-jeu, le PPA-CI crie au scandale
Une décision encore incertaine mais symbolique
Les catégories et la liste des pays concernés ne sont pas encore définitives, mais leur simple évocation envoie un signal politique fort. Alors que d’autres puissances mondiales cherchent à renforcer leur coopération avec l’Afrique, les États-Unis semblent prendre une direction opposée, en privilégiant une approche plus restrictive et sécuritaire.
Si cette mesure venait à être validée par la Maison-Blanche, elle marquerait une nouvelle étape dans la politique de fermeture migratoire de l’ère Trump. Reste à savoir si les États africains concernés tentent d’infléchir la position américaine, ou s’ils se tournent vers d’autres partenaires pour contourner un isolement diplomatique grandissant.
Tony A.