Le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) a réagi avec fermeté à la publication de la liste provisoire des électeurs par la Commission électorale indépendante (CEI). Cette liste, qui détermine les éligibles au scrutin présidentiel à venir, est jugée biaisée par le parti de Laurent Gbagbo. Le PPA-CI dénonce plusieurs irrégularités, notamment la présence d’électeurs fictifs, de personnes décédées et d’usurpateurs d’identité.
« Nous allons déposer des réclamations massives pour exiger la radiation des électeurs fictifs et des fraudeurs », a affirmé le professeur Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI. Au-delà des irrégularités relevées, la question centrale demeure l’exclusion de Laurent Gbagbo de la liste électorale. L’ancien président ivoirien, radié à la suite d’une condamnation par la justice ivoirienne, se voit de fait interdit de briguer la magistrature suprême. Pourtant, son parti l’a officiellement désigné comme son candidat le 10 mai 2024.
Un verrou judiciaire aux enjeux politiques pour Gbagbo
Le cas Gbagbo pose une question brûlante sur la transparence et l’inclusivité du processus électoral en Côte d’Ivoire. L’ancien président a été acquitté par la Cour pénale internationale en 2021, mais reste sous le coup d’une condamnation ivoirienne liée à l’affaire du « casse de la BCEAO », une décision judiciaire qui justifie son exclusion des listes électorales.
Malgré plusieurs tentatives de dialogue avec le gouvernement, le PPA-CI affirme que ses doléances n’ont pas été prises en compte. Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large où d’autres figures politiques, comme Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, sont également écartées du processus électoral. Ce verrou judiciaire empêche une partie de l’opposition de se présenter, renforçant la perception d’une élection verrouillée au profit du pouvoir en place.
Le précédent de 2020, où des tensions liées à l’éligibilité des candidats avaient conduit à des violences post-électorales, plane toujours sur la scène politique ivoirienne. Une exclusion prolongée de Laurent Gbagbo pourrait à nouveau raviver les divisions et fragiliser la stabilité du pays.
Lire Aussi : Côte d’Ivoire: Laurent Gbagbo, candidat inéligible mais incontournable
Vers une impasse ou une négociation politique ?
Alors que le PPA-CI insiste sur la nécessité d’inscrire son leader sur la liste électorale, le gouvernement ivoirien, de son côté, reste inflexible. Cette posture pourrait forcer le parti à envisager d’autres stratégies, notamment la contestation juridique ou la mobilisation populaire.
L’enjeu de cette affaire va bien au-delà de la seule candidature de Laurent Gbagbo. Elle montre la capacité des institutions électorales à garantir une élection transparente et équitable, évacuant tout soupçon de manipulation politique. Si la CEI et le gouvernement ne parviennent pas à désamorcer ces tensions, la présidentielle pourrait être marquée par de nouvelles contestations et une perte de crédibilité du processus électoral.
En fin de compte, la question reste ouverte : assistera-t-on à une réintégration in extremis de Laurent Gbagbo sur la liste électorale, ou bien cette exclusion signera-t-elle une nouvelle fracture politique en Côte d’Ivoire ?
Tony A.