Le président Umaro Sissoco Embalo a officiellement annoncé, ce lundi 3 mars, sa candidature à l’élection présidentielle du 30 novembre prochain, marquant ainsi son ambition de briguer un second mandat. Cette déclaration intervient alors qu’il rentrait d’une tournée diplomatique en Europe, notamment à Moscou et Paris.
Son retour a été marqué par une double annonce : non seulement il brigue sa propre succession, mais il assume aussi la décision d’avoir fait partir précipitamment une mission de la Cédéao venue tenter d’apaiser les tensions politiques internes. « Cette mission, c’est moi qui ai donné l’ordre d’expulsion, c’est moi qui les ai chassés d’ici », a-t-il déclaré sans détour. Depuis la dissolution du Parlement en décembre 2023, la situation politique en Guinée-Bissau s’est tendue. L’opposition, privée de représentation institutionnelle, remet en cause la légitimité du président Embalo, estimant que son mandat a pris fin en février. Dans ce contexte, sa candidature risque d’attiser les tensions plutôt que de les résoudre.
La Cédéao, un acteur vivement contesté par Embalo
La mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), présente en Guinée-Bissau entre le 21 et le 28 février, avait pour objectif d’engager un dialogue avec l’ensemble des parties prenantes afin de faciliter la tenue d’élections législatives et présidentielles apaisées. Cependant, selon l’entourage du président Embalo, elle aurait outrepassé son mandat en menant des discussions avec des leaders de l’opposition, notamment les coalitions PAI-Terra Ranka et API Cabas Garandi.
En réaction, le chef de l’État a pris la décision radicale d’ordonner l’expulsion de la mission, estimant qu’elle avait violé les règles de la souveraineté nationale. « Ici, ce n’est pas une république bananière. Il y a un président, une loi, une Constitution », a-t-il martelé. Cette confrontation avec la Cédéao, qui n’est pas la première, indique des tensions persistantes entre l’organisation régionale et la présidence bissau-guinéenne.
La Cédéao devrait bientôt publier une déclaration finale sur la situation politique en Guinée-Bissau, avec une feuille de route précisant les prochaines étapes pour la tenue des scrutins. Toutefois, son influence semble déjà réduite face à un Embalo qui défie ouvertement son autorité.
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Une candidature sous tension, un avenir incertain
L’annonce de la candidature d’Embalo, couplée à l’expulsion de la mission de la Cédéao, dessine un avenir politique incertain pour la Guinée-Bissau. Le climat politique est électrique, et l’absence de Parlement depuis plus d’un an renforce l’opacité institutionnelle. L’opposition, qui dénonce une dérive autoritaire du président, pourrait être tentée par des actions de contestation, alors que la communauté internationale suit la situation avec attention.
L’une des grandes questions reste la capacité du pays à organiser des élections crédibles et inclusives dans ce climat de méfiance. Si la Cédéao cherche à reprendre le dialogue, le président Embalo, lui, semble prêt à jouer son va-tout en s’imposant comme l’homme fort du pays, décidé à rester au pouvoir coûte que coûte. Tout compte fait, les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si la Guinée-Bissau avancera vers un scrutin apaisé ou sombrera dans une nouvelle crise politique.
Tony A.