La course à la présidentielle ivoirienne de 2025 franchit un tournant décisif avec l’officialisation de la renonciation de Tidjane Thiam à la nationalité française. Une décision administrative en apparence, mais qui revêt une portée politique importante. En actant sa perte volontaire de la nationalité française, le leader du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) répond aux exigences constitutionnelles et lève l’un des derniers doutes entourant sa candidature à l’élection d’octobre prochain.
La Constitution ivoirienne est claire : pour briguer la magistrature suprême, un candidat doit être exclusivement de nationalité ivoirienne. Ou, jusqu’alors, Tidjane Thiam, ancien patron du Crédit Suisse et figure de la finance internationale, disposant de la double nationalité franco-ivoirienne. Cette situation a alimenté de nombreuses critiques et attaques de la part de ses adversaires, qui cherchaient à remettre en question la légitimité de sa candidature.
Un obstacle juridique désormais levé pour Tidjane Thiam
En demandant la perte de la nationalité française en février 2025 et en voyant cette demande validée et publiée au Journal officiel français le 20 mars, Tidjane Thiam a mis un terme à toute ambiguïté juridique. Ce geste fort confirme sa volonté de se conformer scrupuleusement aux règles et d’éviter toute contestation légale qui aurait pu entrer dans sa course à la présidence.
Mais au-delà de l’aspect juridique, cette décision s’inscrit dans un contexte politique où la question de la souveraineté nationale est un sujet sensible. Depuis plusieurs mois, la double nationalité de Thiam était exploitée par ses adversaires comme un argument contre lui, insinuant qu’il ne serait pas un « véritable Ivoirien », et qu’il servirait davantage des intérêts étrangers que ceux de son pays.
En renonçant à sa nationalité française, Thiam désamorce cette critique et recentre le débat sur son projet politique plutôt que sur son passé international. Il veut incarner une alternative crédible à un régime en place depuis quinze ans et dont il remet en cause le bilan : « La vraie question qui se pose aux Ivoiriens est la suivante : ces gens qui gouvernent la Côte d’Ivoire depuis quinze ans méritent-ils cinq ans de plus ? », a-t-il lancé à ses partisans.
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Un choix stratégique face à un enjeu symbolique
La décision de Tidjane Thiam redéfinit ainsi les dynamiques de la présidentielle à venir. Jusqu’ici, ses adversaires mettaient sur la polémique de sa double nationalité pour affaiblir sa position. Désormais, ils devront affronter l’homme sur le terrain des idées et des propositions concrètes pour le pays.
Cependant, la question demeure : cette stratégie suffira-t-elle à convaincre l’électorat ivoirien ? Si Thiam bénéficie d’une image d’homme intégré et compétent grâce à son parcours dans la finance, il doit encore prouver qu’il est capable de rassembler au-delà de son parti, le PDCI, et de séduire une population dont les attentes sont fortes en matière d’emploi, de justice sociale et de stabilité économique.
La candidature de Tidjane Thiam, désormais sans entrave juridique, vient bousculer le paysage politique ivoirien. Reste à voir comment ses opposants réagiront à cette nouvelle étape et quelle sera l’adhésion des électeurs à son projet. Une chose est sûre : en tournant définitivement la page de la nationalité française, il envoie un signal fort sur son engagement envers la Côte d’Ivoire et sur sa détermination à briguer le fauteuil présidentiel.
Tony A.