Alors que le président Macky Sall doit recevoir ce lundi 4 mars, les conclusions du « dialogue national », la tension est encore palpable au Sénégal. Parmi les propositions soulevées lors de ce dialogue, le report de la présidentielle au 2 juin et l’élargissement de la liste des candidats suscitent des débats intenses et soulèvent des questions quant à la position du chef de l’État.
Cependant, l’ambiguïté des déclarations de Macky Sall, ainsi que les spéculations concernant ses intentions politiques, ajoutent une couche supplémentaire de complexité à la situation. Aussi, les implications politiques des recommandations du dialogue national, laissent planer un sentiment d’incertitude sur l’avenir politique du Sénégal. Alors que la date de la présidentielle approche à grands pas, il reste à voir comment ces tensions politiques se développeront et quelles seront les réponses des différentes parties prenantes à cette crise politique en évolution.
Les déclarations équivoques de Macky Sall
Face à la proposition de reporter la présidentielle au 2 juin, Macky Sall se retrouve dans une position délicate, ayant initialement promis de quitter ses fonctions à la fin de son mandat, le 2 avril. Bien que le président ait réitéré cette intention à plusieurs reprises, ses déclarations récentes ont semé le doute quant à sa volonté réelle de respecter cette échéance.
En effet, Macky Sall a laissé entendre qu’il serait prêt à prolonger son mandat si cela était jugé nécessaire pour « le bien de la nation », laissant ainsi planer l’ambiguïté sur ses intentions politiques.
Selon Mamadou Lamine Sarr, enseignant en sciences politiques, « il est extrêmement difficile de croire à toutes les déclarations de tous les acteurs politiques au Sénégal. […] Personne ne peut garantir aujourd’hui que ce sera le cas ». Ces propos traduisent le climat de méfiance généralisée envers les politiciens et la difficulté de prendre les affirmations de Macky Sall au pied de la lettre.
Lire Aussi : CRISE AU SÉNÉGAL : LES MANŒUVRES DE MACKY SALL POUR RÉTABLIR L’ORDRE POLITIQUE
Des recommandations contestées et une autorité constitutionnelle en jeu
L’élargissement de la liste des candidats à la présidentielle, notamment pour inclure des figures politiques telles que Karim Wade et Ousmane Sonko, constitue une autre source de controverse. Cette proposition remet en question l’autorité constitutionnelle du Conseil constitutionnel, qui avait déjà établi une liste restreinte de candidats autorisés à concourir à l’élection présidentielle.
« Le Conseil constitutionnel est encore une fois, comme le 15 février dernier, devant l’Histoire. […] Le Conseil ne peut pas dire deux choses différentes en moins de 15 jours, ça serait inexplicable. », a fait savoir pour sa part Mamadou Lamine Sarr. C’est-à-dire, qu’il y a nécessité de cohérence dans ses décisions de la part de l’autorité constitutionnelle.
Des enjeux politiques et des alliances incertaines
Mamadou Lamine Sarr déclare évoque par ailleurs, des soupçons de manœuvres politiques en coulisse. « On ne peut pas s’empêcher de croire effectivement à un deal politique entre le camp présidentiel et le parti démocratique sénégalais de Monsieur Karim Wade, on ne peut pas l’exclure ».
Dans ce contexte, les spéculations concernant les motivations politiques de Macky Sall sont monnaie courante. Certains suggèrent que le président pourrait chercher à réintégrer Karim Wade dans la course présidentielle afin de renforcer ses chances de succès lors d’un éventuel second tour. Cette hypothèse soulève des questions quant à l’indépendance politique de Macky Sall et les enjeux stratégiques qui sous-tendent ses décisions politiques dans le pays.
Tony A.