Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), la situation s’aggrave avec la reprise des combats dans le Sud-Kivu. Face à l’inaction de la communauté internationale, les voix s’élèvent pour exiger une réponse plus ferme, notamment celle de l’ancien président français, François Hollande. Dans une interview accordée à RFI, il affirme sans ambiguïté que l’agression de la RDC est orchestrée par le Rwanda via le M23 et appelle à une pression diplomatique accrue sur Kigali.
La France doit-elle réorienter sa diplomatie en Afrique centrale ? Faut-il envisager des sanctions européennes contre le Rwanda ? Dans un contexte international marqué par le non-respect du droit international, cette crise reflète une tendance plus large de contestation des règles établies.
Une communauté internationale impuissante face à la crise congolaise
Depuis plusieurs années, les tensions dans l’Est de la RDC ont déjà fait des milliers de victimes et provoqué le déplacement de millions de personnes. Le M23, groupe rebelle soutenu par Kigali selon de nombreux rapports, poursuit son avancée, mettant en péril la souveraineté congolaise. Pourtant, la réaction internationale demeure timide, se limitant à des déclarations de principe sans mesures concrètes.
« Nous voyons bien que, aujourd’hui, même si le Secrétaire général des Nations unies a pris position, même s’il y a eu des déclarations de tel ou tel gouvernement, ce n’est pas à la hauteur de l’agression dont la République démocratique du Congo est la victime de la part du Rwanda, pour parler tout à fait clairement. Car derrière le M23, c’est le Rwanda qui est en cause », a déclaré François Hollande.
François Hollande dénonce cette inaction et la compare à d’autres crises mondiales, comme celle en Ukraine. Il pointe du doigt une politique de « deux poids, deux mesures » qui laisse la RDC vulnérable. « Nous devons défendre des principes », affirme-t-il, insistant sur l’intangibilité des frontières et la nécessité de sanctionner les agressions militaires.
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François Hollande appelle à une pression accrue sur le Rwanda
La politique actuelle de la France oscille entre diplomatie et prudence, Emmanuel Macron tentant de maintenir un équilibre entre Kinshasa et Kigali. Toutefois, selon Hollande, cette position « d’équilibriste » est insuffisante. Il exhorte la France à adopter une posture plus offensive en exerçant « une pression très forte sur le Rwanda ».
« Là, sur la République démocratique du Congo, grand pays francophone avec lequel nous sommes liés, nous devons absolument défendre non pas un régime, non pas un président en l’occurrence, mais nous devons défendre des principes. Le principe, c’est l’intangibilité des frontières, c’est le refus de la guerre qui est utilisée pour prendre des ressources naturelles et c’est le refus aussi de toute négociation d’envergure. Puisque chaque fois qu’il y a des rendez-vous, ils sont reportés, annulés ou en tout cas, ils n’ont pas d’effet. Donc, l’initiative qu’il faut prendre, c’est de faire une pression très forte sur le Rwanda et d’exiger le retrait des forces qui sont présentes en République démocratique du Congo », a indiqué François Hollande.
Si Paris ne peut pas imposer unilatéralement des sanctions à Kigali, François Hollande préconise une action concertée au sein de l’Union européenne. L’UE pourrait conditionner son aide financière au Rwanda au respect du droit international. Une telle mesure marquerait un tournant dans la gestion de la crise et pourrait inciter Kigali à revoir son implication dans l’Est congolais.
Une fois de plus, le conflit en RDC ne fait qu’exposer l’incapacité de la communauté internationale à réguler les conflits régionaux. Alors que des sanctions économiques ont été rapidement imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine, la situation en Afrique centrale ne semble pas bénéficier de la même attention. Si la France souhaite conserver son influence en Afrique, elle devra clarifier sa position et adopter une stratégie plus déterminée. La proposition de François Hollande ouvre le débat : Paris doit-elle sortir de sa réserve et jouer un rôle de leader dans la gestion de cette crise ? Une chose est sûre : sans pression internationale, le cycle de violences risque de perdurer, au détriment de millions de Congolais.
Tony A.