Depuis le 27 janvier 2025, les enseignants-chercheurs maliens sont en grève pour la troisième semaine consécutive, plongeant ainsi l’enseignement supérieur dans une crise prolongée. Ce mouvement, soutenu par une majorité de l’université et des grandes écoles du pays, réclame l’application d’une première recherche, promise par les autorités maliennes depuis 2017, mais toujours non financée. Si le dialogue a été amoureux, la mobilisation continue sans relâche, illustrant une frustration grandissante parmi les enseignants-chercheurs, qui ne voient toujours pas de garanties concrètes de la part du gouvernement.
Ce conflit a des répercussions profondes sur le système éducatif malien. Les syndicats de l’enseignement supérieur, notamment la Secma et le Snesup, ont exprimé une volonté ferme de maintenir la pression, exigeant non seulement l’application immédiate de la prime mais aussi une reconnaissance officielle de leurs revendications. Ce mouvement se déroule dans un contexte où le pays, déjà fragile, traverse une phase de transition politique, et cette grève pourrait avoir des conséquences durables sur le climat social et l’avenir de l’enseignement supérieur.
L’impact de la grève des enseignants-chercheurs
Le principal effet de cette grève prolongée est le blocage de la recherche académique et l’entrée à la bonne marche des universités. La prime de recherche, promise aux enseignants depuis 2017, aurait dû constituer un levier pour encourager et financer les projets de recherche. Cependant, l’absence de financement a engendré un sentiment d’injustice parmi les grévistes. Les enseignants-chercheurs, qui dépendent souvent de ce financement pour leurs projets et leurs travaux, se retrouvent dans une impasse.
La grève a des répercussions sur la qualité de l’enseignement et la poursuite des recherches académiques. Les étudiants, qui ne bénéficient pas de cours réguliers et de supervision sur leurs projets de recherche, risquent de se retrouver à la traîne par rapport aux exigences internationales. Cette situation ne fait qu’aggraver le fossé entre le Mali et d’autres pays africains dans le domaine de l’enseignement supérieur, déjà pénalisé par des infrastructures insuffisantes.
Malgré le dialogue ouvert par les autorités maliennes, qui ont organisé une rencontre avec les syndicats, la question du conflit reste incertaine. L’annonce de la création d’une commission pour déterminer le montant de la prime et les modalités de son application n’a pas suffi à rassurer les grévistes. Les syndicats demandent des garanties fermes, notamment un calendrier précis et un engagement financier concret. Cependant, jusqu’à présent, les autorités de transition ont tardé à fournir une réponse claire, nourrissant ainsi le scepticisme parmi les enseignants-chercheurs.
Cette situation interroge également sur la stratégie du gouvernement : cherche-t-il à laisser le mouvement s’essouffler, espérant que la pression sociale faiblira avec le temps ? Les syndicats, de leur côté, semblent déterminés à ne pas céder, affirmant qu’une solution devra être trouvée, même si cela doit passer par un prolongement de la grève.
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Une crise au-delà du secteur de l’éducation
La grève des enseignants-chercheurs est loin de se limiter au secteur de l’éducation. Elle expose des problèmes plus larges liés à la gestion des ressources publiques et à la responsabilité des autorités dans le financement des projets importants. En l’absence de réponses claires et de solutions concrètes, cette crise pourrait avoir des répercussions bien au-delà des universités. En effet, un système éducatif déstabilisé entraîne une perte de confiance dans les institutions publiques, ce qui pourrait affaiblir encore davantage le moral de la population face à des autorités déjà fragilisées par la transition politique.
Cette grève prolongée reflète aussi un malaise plus profond concernant la gestion des affaires publiques au Mali. Le pays, marqué par des tensions politiques et sociales, ne peut se permettre de laisser ses enseignants, garants de l’avenir du pays, dans une position de mécontentement prolongé. L’inertie du gouvernement face aux revendications aussi fondamentales risque d’augmenter le mécontentement populaire et d’entraîner des conséquences encore plus graves à moyen et long terme.
Le gouvernement annonce une volonté de trouver une solution à ce conflit, mais le temps presse. La grève des enseignants-chercheurs a déjà laissé paraitre de nombreuses fractures au sein du système éducatif, mais elle représente également un test pour les autorités de la transition malienne. Dans ce contexte également incertain, il est impératif que les responsables politiques agissent rapidement pour éviter un prolongement du mouvement, qui risque d’avoir des répercussions dramatiques sur l’ensemble du pays. Une solution rapide et durable permettrait non seulement de stabiliser l’enseignement supérieur, mais aussi de restaurer la confiance entre le gouvernement et ses citoyens, dans un pays où chaque mouvement de contestation pourrait faire basculer l’équilibre social.
Tony A.