Une nouvelle tragédie endeuille l’armée nigériane. Mardi, au moins 17 soldats ont perdu la vie dans une attaque coordonnée de groupes armés contre trois bases militaires situées dans les États de Niger et de Kaduna, au nord du pays. Tandis que les autorités sécuritaires annoncent des représailles menées contre les assaillants, cette attaque souligne une fois de plus la complexité croissante du front intérieur nigérian.
L’État fédéral, déjà aux prises avec la menace jihadiste dans le Nord-Est depuis plus de quinze ans, se heurte désormais à une montée en puissance incontrôlée des bandes armées criminelles dans le Nord-Ouest et le Centre. Entre terrorisme, banditisme rural et rivalités ethniques, les soldats nigérians se retrouve sur plusieurs fronts, souvent sans les moyens adaptés.
Des soldats débordés, un État contesté
Le triple assaut des bases militaires de Kwanar Dutse Mariga, de Boka et d’une position non précisée dans le Kaduna s’inscrit dans une escalade constante de la violence dans la région. Les « bandits » terme largement utilisé pour désigner ces gangs armés semi-structurés ne ciblent plus seulement les villages ou les convois de civils. Ils affrontent désormais ouvertement les forces armées, avec une organisation tactique de plus en plus redoutable.
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Ce virage tactique met en exergue la porosité du dispositif militaire et les carences en matière de renseignement. Les soldats tombés étaient en première ligne d’un front dont les contours échappent progressivement à l’État central. Malgré les renforts envoyés sur place et les communiqués de fermeté de l’armée, cette attaque révèle le manque de résilience des dispositifs de sécurité dans des zones pourtant critiques.
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Un conflit multidimensionnel en voie de généralisation
Ce drame s’ajoute à un climat de guerre intérieure fragmentée. Au Nord-Est, Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) poursuivent leurs attaques sporadiques, tandis que le Nord-Ouest et le Centre sombrent dans une spirale de violences liées aux trafics, aux conflits agraires et à l’effondrement du contrôle territorial de l’État. Résultat, l’armée nigériane est contrainte d’éparpiller ses forces, au détriment d’une stratégie globale de contre-insurrection.
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Les implications sont multiples : désorganisation de l’administration locale, déplacements massifs de populations, effondrement du tissu économique rural, perte de confiance dans l’État. Cette situation pourrait même favoriser l’alliance entre groupes criminels et groupes jihadistes, comme cela a été observé dans certaines régions du Sahel, posant les bases d’un chaos plus difficile encore à contenir pour mes soldats nigérians.
L’attaque meurtrière du 25 juin dans le Nord du Nigéria n’est pas un incident isolé, mais bien un signal d’alarme supplémentaire face à l’érosion progressive de l’autorité de l’État dans des régions entières. Sans une réforme stratégique en profondeur, associée à une réponse sociale, économique et territoriale cohérente, l’armée nigériane risque de mener une guerre d’usure sans fin et de la perdre sur plusieurs fronts à la fois.
Sandrine A.