Le 11 janvier, dans l’État de Zamfara, une frappe aérienne menée par l’armée nigériane a coûté la vie à 16 membres d’une milice d’auto-défense locale. Ce tragique incident, qualifié de nouvelle « erreur de frappe », est le dernier d’une série de bavures militaires ayant ébranlé la confiance des populations locales envers les forces armées. Une frappe de trop dans un contexte de défiance selon les populations.
Le gouverneur de Zamfara, à l’origine de la demande d’intervention pour contrer des « bandits », a été informé de l’opération. Pourtant, la société civile, incarnée par la Coalition des groupes du Nord (CNG), a dénoncé une « violence aveugle » aux conséquences dévastatrices. Pour Jamilu Aliyu, coordinateur national de la CNG, les populations du nord-ouest subissent une triple menace : les attaques des groupes armés, les bavures militaires accidentelles, et les kidnappings. Ces conditions les privent de toute stabilité, économique ou sociale.
Des bavures militaires récurrentes aux conséquences tragiques
Les bavures militaires ne datent pas d’hier. En décembre dernier, 10 civils ont été tués dans une frappe aérienne dans l’État de Sokoto. En 2023, une attaque similaire dans la région de Kaduna avait fait au moins 85 victimes, en majorité des femmes et des enfants. Ces incidents mettent en évidence des failles structurelles dans la coordination militaire et le recueil du renseignement.
La situation est d’autant plus critique que les milices locales, premières sources d’information sur le terrain, perdent confiance en l’armée. Selon le chercheur Oluwole Ojewale, cette défiance risque d’aggraver la situation sécuritaire. Les communautés, craignant pour leur sécurité, pourraient cesser de coopérer avec les forces armées, voire se radicaliser. L’histoire récente du Nigeria, avec l’émergence de Boko Haram, illustre les dangers de telles ruptures.
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Des défis logistiques et géographiques aggravants
Les militaires font face à une situation complexe. Les groupes armés du nord-ouest du Nigeria, très mobiles, opèrent dans des zones rurales difficilement accessibles et franchissent aisément des frontières poreuses. Cette configuration géographique limite l’efficacité des frappes aériennes et des opérations au sol, nécessitant des solutions adaptées et mieux ciblées.
La répétition des bavures militaires, combinée à l’insécurité persistante, met en péril la stabilité du nord-ouest. Pour éviter que ces erreurs ne deviennent le terreau d’une nouvelle insurrection, le gouvernement doit renforcer les capacités de renseignement, améliorer la formation des soldats, et promouvoir une collaboration étroite avec les communautés locales.
La lutte contre l’insécurité ne peut réussir sans un soutien populaire. Des efforts concrets, transparents, et participatifs sont indispensables pour regagner la confiance des populations et garantir leur sécurité. À défaut, la région risque de s’enfoncer davantage dans une crise humanitaire et sécuritaire. Il est donc impératif de reconstruire la confiance pour sortir du cercle vicieux.
Tony A.