Depuis plus de six mois, les relations entre le groupe minier Barrick Gold et les autorités de transition du Mali sont marquées par un bras de fer aux lourdes conséquences économiques et sociales. Au centre du conflit : l’application du nouveau code minier de 2023 et le règlement de redevances fiscales contestées. Face à l’impasse des négociations, une initiative de médiation nationale tente de rétablir le dialogue entre les parties prenantes.
La crise entre Barrick Gold et l’État malien ne se limite pas à un simple différend fiscal. Elle a déjà entraîné de lourdes répercussions, notamment l’incarcération de quatre cadres maliens du groupe en novembre 2024, la saisie de trois tonnes d’or en janvier et la suspension des activités de la mine de Loulo-Gounkoto, la plus grande exploitation du pays.
Un conflit à forts enjeux entre Barrick Gold et l’État malien
Cette paralysie impacte directement l’économie nationale. L’industrie aurifère représente près de 25 % du budget national et le complexe minier de Loulo-Gounkoto contribue à plus d’un tiers des exportations formelles d’or du Mali. Avec plus de 8 000 emplois en jeu, dont 97 % occupés par des Maliens, l’arrêt des activités met en péril des milliers de familles et le tissu économique local.
Les autorités maliennes s’appuient sur un audit minier publié en 2023, selon lequel les entreprises du secteur devraient entre 300 et 600 milliards de francs CFA en arriérés fiscaux. Le gouvernement de transition, confronté à des besoins budgétaires croissants, cherche donc à renforcer son contrôle sur le secteur aurifère en appliquant le nouveau code minier qui augmente la part de l’État dans les actifs miniers.
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Un accord qui tarde à se concrétiser
Malgré des discussions en cours depuis plusieurs mois, aucun compromis n’a encore été trouvé. Barrick Gold et le gouvernement malien négocient le versement de plusieurs centaines de millions de dollars par le groupe minier en échange de la libération des employés détenus, de la restitution des trois tonnes d’or et de la reprise des activités de la mine. Si certaines sources avaient laissé entendre qu’un accord était imminent en février, la situation demeure bloquée.
Face à cette impasse, une association a proposé une médiation nationale pour relancer le dialogue. L’enjeu est de taille : une résolution rapide permettrait de limiter les pertes économiques et de restaurer la confiance des investisseurs dans le climat des affaires au Mali. Toutefois, cette initiative soulève des interrogations sur son acceptabilité par les deux parties. Barrick Gold, acteur majeur du secteur, pourrait voir d’un mauvais œil une solution imposée par les autorités, tandis que le gouvernement malien, en position de force, pourrait hésiter à assouplir ses exigences.
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Une équation complexe
Le conflit entre Barrick Gold et l’État malien illustre les tensions récurrentes entre gouvernements et multinationales sur la gestion des ressources naturelles. Le Mali, à travers son code minier, cherche à maximiser les retombées économiques de son or, tandis que Barrick Gold défend ses intérêts et ceux de ses actionnaires. Une issue négociée semble être la seule alternative viable pour éviter une escalade aux conséquences incalculables.
Si la médiation nationale parvient à établir un cadre de discussions constructives, elle pourrait constituer un précédent intéressant pour la résolution des litiges entre le Mali et d’autres acteurs économiques. Dans un contexte où l’exploitation des ressources naturelles est souvent source de tensions, la recherche d’un équilibre entre souveraineté nationale et attractivité des investissements reste un défi majeur pour le pays.
Tony A.