Le 17 mars 2025, le Rwanda a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, un acte fort qui intervient dans un contexte tendu de tensions régionales et diplomatiques. Cette décision, marquée par des accusations de soutien de la Belgique au gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) et son implication dans l’offensive du groupe rebelle M23, a des répercussions bien au-delà des simples relations bilatérales.
Ce geste est une manifestation des lignes de fracture de la politique internationale en Afrique, où les anciennes puissances coloniales tentent de s’impliquer dans des conflits internes du continent. La Belgique, en tant qu’ancienne puissance coloniale en RDC et au Rwanda, porte un héritage difficile à assumer dans ses relations avec ces pays. Depuis le génocide de 1994 au Rwanda, la Belgique a été impliquée dans des démarches diplomatiques et humanitaires complexes. Toutefois, le soutien de Kigali aux rebelles du M23, un groupe armé accusé d’agression contre la RDC, a mis à mal les liens avec Bruxelles. Le Rwanda, tout en rejetant les accusations de soutien au M23, estime que la Belgique est entrée dans une dynamique qui cherche à éroder son influence et à maintenir un ordre néocolonial.
Un héritage colonial lourd de conséquences pour le Rwanda
Les critiques de Kigali vont au-delà des tensions actuelles. Elles illustrent une attitude perçue comme paternaliste et interventionniste de la part de l’ancienne puissance coloniale. Selon le ministère des Affaires étrangères rwandais, Bruxelles se serait « accrochée à ses illusions néocoloniales », une accusation qui reflète une profonde divergence sur la gestion des conflits dans la région des Grands Lacs. Pour le Rwanda, la rupture des relations diplomatiques est une manière de signifier sa volonté de ne plus être une marionnette dans les jeux géopolitiques d’anciennes puissances coloniales.
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La rupture des relations diplomatiques avec la Belgique intervient quelques heures après l’adoption de sanctions par l’Union européenne, en réponse à l’implication présumée du Rwanda dans le soutien au groupe M23. Ces sanctions, qui visent des personnalités rwandaises, témoignent de la pression croissante exercée par l’UE sur le Rwanda. Cette démarche européenne fait partie d’une stratégie plus large visant à contraindre Kigali à modifier son soutien aux rebelles et à se conformer aux règles internationales en matière de souveraineté nationale et de droits humains.
Les sanctions de l’UE et l’impact régional
Sur le plan régional, cette rupture n’est pas anodine. La Belgique, en tant que membre influent de l’UE, joue un rôle clé dans l’équilibre politique et économique de la région. Sa relation tendue avec le Rwanda pourrait avoir des répercussions sur les efforts de médiation dans la crise du M23. De plus, cette situation alimente les fractures déjà présentes entre les pays du bassin du Congo, où l’Angola, l’Ouganda et le Burundi ont leurs propres intérêts stratégiques, souvent opposés à ceux du Rwanda. Le vide diplomatique créé par cette rupture pourrait ouvrir des opportunités pour d’autres puissances, notamment la France ou les États-Unis, de renforcer leur influence sur le Rwanda.
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La rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique marque un tournant significatif dans les relations internationales de la région des Grands Lacs. Au-delà de la simple question des rebelles du M23, cette situation laisse transparaitre les tensions sous-jacentes liées à l’héritage colonial et à la gestion des conflits en Afrique.
Cette crise diplomatique pourrait également redéfinir les alliances et les stratégies politiques des puissances occidentales en Afrique centrale, en particulier dans un contexte où les anciennes puissances coloniales tentent encore d’imprimer leur marque sur la scène internationale. La Belgique, en se positionnant contre le Rwanda, semble avoir opté pour une politique de fermeté, mais celle-ci pourrait bien coûter à la stabilité de la région et remettre en question les efforts de coopération en Afrique.
Tony A.