La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) du Bénin vient d’annoncer que le procès très attendu de l’homme d’affaires influent Olivier Boko et de l’ancien ministre des Sports, Oswald Homeky, se tiendra le 21 janvier prochain. Les deux figures, autrefois proches de l’entourage du président Patrice Talon, sont accusées de complot contre la sûreté de l’État et de corruption d’agent public pour avoir, selon l’accusation, préparé un coup d’État le 27 septembre 2024.
L’affaire, qui cristallise les tensions politiques au Bénin, inclut également quatre autres accusées. Toutefois, un mandat d’arrêt international a été émis contre l’un d’entre eux, tandis qu’un autre protagoniste clé, commandant de la garde républicaine et prétendument impliqué, demeure en liberté et n’est pas poursuivi. Cette situation alimente les critiques contre la Criet et les spéculations sur les motivations et l’équité de la procédure judiciaire en cours.
Critiques et irrégularités exprimées contre la Criet
Depuis leur arrestation en septembre 2024, les avocats de Boko et Homeky dénoncent des vices de procédure et une gestion accélérée de l’affaire. Malgré leurs multiples recours devant la Cour suprême pour contester la mise en accusation, les magistrats de la Criet ont maintenu les accusations. Les avocats évoquent un « calendrier caché » et un procès qui semble répondre à des objectifs politiques plutôt qu’à un véritable souci de justice.
Ces tensions juridiques s’ajoutent à un contexte politique chargé, où le procès, orchestré par la Criet, risque de polariser davantage les débats au Bénin. La confirmation rapide des charges et l’absence de certaines accusées suscitent des interrogations sur la transparence et la crédibilité du procès.
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Enjeux politiques et conséquences
L’affaire Boko-Homeky est un test pour le système judiciaire béninois et pour le président Patrice Talon, souvent évoqué pour sa gestion autoritaire du pouvoir. Le procès expose les luttes internes au sein de l’élite politique béninoise. Pour certains observateurs, il pourrait s’agir d’une tentative de neutralisation politique visant des figures autrefois influentes, mais devenues encombrantes pour le régime en place.
Au-delà des enjeux politiques, ce procès pose des questions fondamentales sur l’état de droit au Bénin. Une condamnation des accusés pourrait renforcer le maintien du régime sur les institutions, tandis qu’un acquittement partiel ou total pourrait être perçu comme un revers pour le pouvoir en place.
À moins d’une semaine de l’ouverture du procès, les regards sont tournés vers la Criet, dont la gestion de ce dossier pourrait redéfinir la perception de l’indépendance judiciaire au Bénin. Pour l’heure les tensions restent palpables, et l’issue du procès aura des répercussions durables sur le climat politique du pays ainsi que sur la crédibilité de ses institutions.
Tony A.