Daniel Chapo à la tête du Mozambique : Un mandat sous le signe de la réconciliation ou du chaos ?
L’investiture de Daniel Chapo comme cinquième président du Mozambique, ce mercredi, marque une nouvelle étape pour le Frelimo, parti au pouvoir depuis près de cinq décennies. Mais cette cérémonie solennelle, tenue sous haute sécurité à Maputo, reflète davantage une nation divisée et en crise qu’un moment d’unité nationale. Alors que Daniel Chapo prêtait serment devant une Constitution promettant justice et démocratie, des manifestations sanglantes ont eu lieu dans la capitale et d’autres régions du pays, provoquant la mort de sept personnes selon l’ONG Plataforma Decide.
Contesté depuis sa victoire électorale d’octobre, le président élu fait face à un défiance croissante. Les violences post-électorales, marquées par des grèves, des blocages et des actes de vandalisme, traduisent une colère populaire exacerbée par des dysfonctionnements de l’État. L’absence de consensus autour de cette élection laisse présager un mandat semé d’embûches pour le nouveau chef de l’État.
Une investiture sous haute sécurité, reflet d’une nation en crise
La cérémonie d’investiture, qui s’est tenue sur la place de l’Indépendance à Maputo, s’est déroulée dans un climat pesant. Le centre-ville avait été transformé en forteresse par la police, et les rues, déserts, témoignaient de la méfiance ambiante. Les hélicoptères survolant la capitale, les tirs de gaz lacrymogènes et les barricades établies dans les quartiers périphériques symbolisent une fracture entre le pouvoir et un parti de la population.
Cette tension, alimentée par un appel à la grève nationale de l’opposant Venancio Mondlane, rappelle que les Mozambicains réclament davantage qu’un changement de figure : ils exigent une refonte profonde du système politique. Depuis octobre, plus de 300 personnes ont perdu la vie dans des violences liées à la contestation électorale, signalant une crise de légitimité pour le régime en place.
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Un mandat à haut risque pour Daniel Chapo
Daniel Chapo hérite d’un pays en proie à une pauvreté endémique et à des inégalités croissantes. Les infrastructures fragiles et une économie largement dépendante des exportations de ressources naturelles accentuent les vulnérabilités du Mozambique. Le nouveau président devra non seulement apaiser les tensions internes mais aussi restaurer la crédibilité internationale de son gouvernement.
Seuls les présidents de l’Afrique du Sud et de la Guinée-Bissau étaient présents. L’absence notable de dirigeants africains lors de son investiture envoie un signal clair : la communauté internationale attend des réformes avant de s’investir davantage. Des élections entachées d’irrégularités risquent de compliquer cette quête de soutien.
L’appel à la réconciliation lancé par le président sortant Filipe Nyusi et le geste symbolique de Daniel Chapo en hommage aux victimes ne suffiront pas à désamorcer une crise aussi profonde. Pour relever les défis qui l’attendent, le président Chapo devra aller au-delà des déclarations et engager des réformes structurelles. Ce mandat pourrait être l’occasion de réconcilier le Mozambique avec ses aspirations démocratiques – ou d’enfoncer davantage le pays dans l’instabilité.
Tony A.