Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a entamé une visite officielle de trois jours à Moscou, marquée par une rencontre avec Vladimir Poutine. Cette réunion, prévue le jeudi 16 janvier, intervient dans un contexte favorable à la République centrafricaine (RCA) : la levée totale de l’embargo sur les armes et des restrictions sur l’exportation des diamants, imposées par l’ONU depuis 2013. Ces décisions renforcent la marge de manœuvre de Bangui sur la scène internationale, mais elles soulignent également le rôle croissant de Moscou comme allié stratégique.
Le Kremlin affiche sa volonté de renforcer cette relation bilatérale, abordant des sujets variés comme la sécurité, l’économie et la coopération humanitaire. Le partenariat entre la RCA et la Russie, déjà visible dans le soutien militaire apporté par des groupes liés à Moscou, semble désormais évoluer vers une collaboration économique accrue, notamment dans le domaine des ressources naturelles.
La sécurité et les ressources : au cœur des discussions à Moscou
La question de la sécurité sera centrale lors de cette rencontre. La Russie, qui joue déjà un rôle significatif dans le maintien de la stabilité en RCA à travers ses conseillers militaires et groupes paramilitaires, pourrait chercher à consolider sa présence par l’ouverture d’une base militaire. Une telle démarche renforcerait non seulement la position stratégique de Moscou en Afrique, mais offrirait également à Bangui une garantie de sécurité face aux menaces persistantes des groupes armés.
Par ailleurs, les ressources naturelles, notamment les diamants et les minerais précieux, figurent parmi les priorités. Le récent mémorandum signé entre le ministère centrafricain des Mines et la Russie sur l’évaluation et l’exploitation des ressources naturelles illustre cette dynamique. Pour la RCA, l’appui de Moscou dans ce secteur pourrait accélérer son développement économique, mais les avantages pour la Russie, sous forme de concessions minières privilégiées, pourraient susciter des critiques sur la dépendance économique croissante de Bangui envers son allié.
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Des contreparties sous surveillance internationale
La question des contreparties promises à Moscou pourrait toutefois soulever des interrogations. Si la Russie cherche à monétiser son influence en obtenant des avantages économiques et militaires, cela pourrait provoquer des tensions avec d’autres acteurs internationaux, notamment les puissances occidentales. Ces dernières surveillent de près l’influence russe en Afrique, perçue comme une rivalité stratégique dans une région aux ressources stratégiques.
La visite de Faustin-Archange Touadéra à Moscou pourrait marquer une étape clé dans le renforcement du partenariat entre la RCA et la Russie. Cependant, l’équilibre à maintenir entre les intérêts nationaux et les exigences des alliés internationaux est à surveiller de près. Alors que Bangui aspire à plus d’autonomie économique et militaire, ce rapprochement accentue sa dépendance envers Moscou, illustrant les dilemmes auxquels font face de nombreux pays africains dans leurs alliances stratégiques.
Tony A.