Le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire est prévu pour ce jeudi 17 juin 2021. Après dix ans d’absence, ponctuée par une victoire dans le procès contre lui à la CPI, Gbagbo rentre en Côte d’Ivoire libre de toute accusation. C’est toute la Côte d’Ivoire et par ricochet, l’Afrique toute entière, qui attend le retour de celui qu’on peut considérer comme un symbole pour la lutte d’émancipation du continent. Qu’en est -il donc de l’orientation à donner à la suite de la lutte ?
Le retour de Laurent Gbagbo sonne comme une revanche sur l’histoire. Une revanche de toute l’Afrique contre la CPI qui, s’est véritablement acharné contre les dirigeants africains ces dernières années. L’émotion est grande parmi ses partisans en Côte d’Ivoire qui, se sont organisés pour accueillir celui dont ils espèrent aussi un « retour au pouvoir ».
Un retour de Laurent Gbagbo tant attendu
Laurent Gbagbo arrivera à Abidjan, jeudi 17 juin à 15 h 45, sur un vol régulier en provenance de Bruxelles. L’annonce a été faite lundi que « le président Alassane Ouattara a décidé de donner le pavillon présidentiel pour accueillir le président Laurent Gbagbo » à l’aéroport Felix-Houphouët-Boigny. Gbagbo devrait y prononcer un discours dans l’heure suivante. Il rejoindra ensuite son ancien QG de campagne de 2010 à Attoban, non loin du 30e arrondissement.
Le retour de Laurent Gbagbo sera festif, ses participants n’ayant pas manqué d’idées pour célébrer leur héros. Le Front populaire ivoirien (FPI), parti créé par Laurent Gbagbo, a réussi à mobiliser près de 70 délégations à travers le pays pour s’assurer de faire le plein le jour J.
Nestor Dahi, secrétaire général du parti, relaie depuis le 8 mai, à l’intérieur du pays, l’annonce du retour de Laurent Gbagbo. Il veut « que cet événement soit grand, qu’il soit exceptionnel et qu’il marque les mémoires des Ivoiriens et du monde entier ».
Des questions sur l’après retour
Après le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, quel sera le visage politique du pays ? Tel est la question légitime que peut se poser tout africain. Quand on sait l’engagement de cet homme pour son pays et le prix que cela lui a déjà coûté. L’actuel mandat de Alassane Ouattara se passera-t-il sans rififi, avec la présence de celui qu’on a surnommé « le boulanger » pour sa capacité à rouler les gens dans la farine ?
Certains ivoiriens, à l’instar de Alafé Wikili, directeur général du quotidien « L’Intelligent d’Abidjan », voient le retour de Laurent Gbagbo comme un nouveau cap dans la carrière de cet homme politique. Il devrait être « le Sage en Côte d’Ivoire ». Le conseiller de l’Afrique parce qu’il a subi les assauts de l’occident et s’en est sorti. Celui qui va parler de paix et de réconciliation à tous les africains. Mais aussi de dignité des peuples d’Afrique.
La nécessité d’un changement de paradigme
La lutte pour l’émancipation de l’Afrique a toujours suscité des grands esprits sur le continent. Des hommes courageux qui ont en commun leur dévouement pour la cause du continent africain, mais aussi un destin funeste. Tous ces grands hommes sont morts assassinés, sans réellement atteindre leurs objectifs. De Um Nyobe au Cameroun à Thomas Sankara au Burkina Faso, en passant par Patrice Lumumba en RDC, le destin fut le même, une mort prématurée.
Mais Laurent Gbagbo est celui-là qui a réussi à garder sa vie. L’exemple récent de Kadhafi en est la preuve. Il incombe donc à ces militants africains de changer de cap. Le lot de morts qui accompagne leurs luttes n’apporte que désolation au continent. Le retour de Laurent Gbagbo va-t-il encore embraser la Côte d’Ivoire ? Le verra-t-on encore dans un bras de fer sanglant avec ses adversaires ?
En homme sage, et expérimenté, le moment ne serait-il venu pour lui de repenser la lutte pour la rendre plus efficace sans encore priver l’Afrique de ses braves enfants et de ces grands esprits. Gbagbo ne porte pas la responsabilité de tous ces morts, en tout cas pas seul, la CPI l’a confirmé. Mais son agenda devrait aller dans le sens de la préservation du pays de tout nouveau conflit.
De toute façon, le gouvernement ivoirien a déjà prévu déployer discrètement les forces de l’ordre dans la capitale, afin de parer à tout débordement. Ce retour de Laurent Gbagbo devrait sonner le glas des guerres sanglantes pour la conquête du pouvoir en Afrique et d’assassinats des leaders, sur fond de manipulations étrangères.
Esso A.