Deux ans après les déclarations controversées du président tunisien assimilant l’immigration subsaharienne à un « plan criminel », la situation des migrants en Tunisie ne cesse de se détériorer. Sous couvert de lutte contre l’immigration clandestine, les autorités ont durci leur politique migratoire, multipliant les arrestations, les refoulements et les interceptions en mer. En 2024, près de 80 000 migrants ont été interpellés sur terre et en mer, un chiffre qui témoigne de l’intensification des contrôles.
Les conditions de vie des migrants en situation irrégulière sont de plus en plus précaires. À l’est du pays, notamment dans la région d’El Hamra, des milliers de Subsahariens vivent dans des camps de fortune, exposés aux intempéries et sans accès aux soins de base. Si les autorités tunisiennes se félicitent d’avoir facilité le retour volontaire de 7 250 migrants en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), de nombreuses organisations humanitaires dénoncent des pressions et des conditions de détention inhumaines.
Quelle issue pour les migrants en Tunisie ?
Outre la répression administrative et sécuritaire, les migrants subsahariens font face à une montée des discours de haine. Sur les réseaux sociaux, des campagnes xénophobes appellent à leur expulsion, tandis que certains responsables politiques tiennent des propos alarmants. Récemment, une députée a suggéré un contrôle des naissances des femmes migrantes, une déclaration vivement critiquée par les associations de défense des droits humains.
Cette stigmatisation alimente un climat de tension sociale. De nombreux Subsahariens, confrontés à des discriminations dans l’accès au logement ou à l’emploi, se retrouvent marginalisés et dans une situation de vulnérabilité extrême. Face à cette réalité, plusieurs organisations internationales appellent la Tunisie à adopter une politique migratoire plus respectueuse des droits humains, mais les autorités privilégient une approche sécuritaire sous la pression de l’Union européenne, principal partenaire financier dans la gestion des flux migratoires.
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Alors que la Tunisie renforce son contrôle des frontières, la situation des migrants subsahariens semble de plus en plus précaire. Entre refoulements, répression et discours haineux, leur avenir dans le pays est incertain. Si des initiatives humanitaires tentent d’apporter une aide d’urgence, seule une réforme structurelle de la politique migratoire pourrait améliorer leur sort. La question reste toutefois de savoir si la Tunisie choisira de répondre aux attentes de ses partenaires internationaux ou d’assumer une approche plus humanitaire face à cette crise.
Tony A.