Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les tensions s’intensifient alors que les combattants du M23, appuyés par l’armée rwandaise, continuent de gagner du terrain au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Jeudi 20 février, des affrontements ont éclaté sur plusieurs fronts, accentuant le climat de peur et d’instabilité dans les deux provinces face à l’avancée inexorable du M23.
Dans le Nord-Kivu, la situation se détériore rapidement, notamment dans le territoire de Lubero où les combats se sont intensifiés. Le M23 et ses alliés progressent le long de la route nationale numéro 2 en direction de Butembo et Beni, deux localités stratégiques du nord de la province. Plus au sud, à Masisi, les affrontements entre les militaires congolais et les milices wazalendo ont causé des victimes collatérales, notamment un employé de Médecins sans frontières (MSF) et un enfant, tous deux touchés par des balles perdues.
Une avancée inexorable du M23 au Nord et au Sud-Kivu
Au Sud-Kivu, la prise de Kamanyola par le M23 le 18 février a marqué un tournant inquiétant. La situation demeure confuse le long de la plaine de la Ruzizi, un axe majeur longeant la frontière avec le Burundi. À Uvira, ville clé située à 75 kilomètres au sud de Kamanyola, des pillages et des affrontements entre militaires congolais et miliciens wazalendo ont été signalés, semant la panique parmi la population locale. Des témoins rapportent des scènes de chaos, où des soldats en fuite auraient forcé l’entrée de domiciles pour s’emparer de vivres et de provisions.
L’avancée du M23 et la réponse militaire congolaise interroge sur l’avenir de la stabilité régionale. L’implication présumée de l’armée rwandaise dans l’appui au groupe rebelle exacerbe les tensions entre Kinshasa et Kigali, rendant toute issue diplomatique plus incertaine. La prise de Bukavu par le M23 le week-end dernier illustre l’ampleur de leur progression et soulève des inquiétudes quant à une éventuelle prise de Goma, capitale du Nord-Kivu.
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Un conflit aux implications régionales et humanitaires alarmantes
D’un point de vue humanitaire, la situation est critique. Les violences ont déjà fait plusieurs morts et blessés, tandis que des milliers de civils fuient vers le sud ou tentent de traverser la frontière burundaise. Selon une source humanitaire, les camps de fortune se multiplient et la pression sur les structures d’accueil devient insoutenable. L’armée congolaise, qui reconnaît des échanges de tirs à Uvira, assure que « la situation n’y a pas dégénéré », une déclaration en décalage avec les témoignages locaux.
Alors que le M23 consolide ses positions dans les Kivus, l’incapacité des forces armées congolaises à contenir leur progression soulève des interrogations sur la stratégie militaire et diplomatique du gouvernement. Les tensions avec le Rwanda restent une source majeure d’instabilité, et toute tentative de négociation semble compromise par l’escalade des hostilités.
En parallèle, la communauté internationale peine à proposer une réponse efficace à cette crise. Si des initiatives régionales ont été lancées pour tenter une médiation, elles demeurent insuffisantes face à la réalité du terrain. Pendant ce temps, la population civile paie le prix fort de ce conflit, dans une région déjà marquée par des décennies de violences et d’instabilité.
Face à cette situation, la question demeure : jusqu’où ira le M23, et quelles seront les conséquences à long terme pour la RDC et la région des Grands Lacs ?
Tony A.