Le processus électoral gabonais pour l’élection présidentielle du 12 avril 2025 prend un tour inattendu après la publication des résultats concernant les candidatures. Sur les 23 dossiers soumis, seulement quatre ont été retenus, laissant 19 candidats sur la touche. Un événement marquant qui fait déjà douter sur la transparence du processus, mais aussi sur l’avenir politique du pays. Certains acteurs politiques, parmi les recalés, dénoncent une démarche peu conforme à l’esprit démocratique.
Parmi les quatre candidats retenus pour la présidentielle, on retrouve des figures emblématiques du Gabon post-Bongo, telles que Brice Clotaire Oligui Nguema, le président de la Transition, et Alain-Claude Bilie By Nze, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo. Leur présence dans la course à la présidence, en tant qu’indépendants, marque une rupture avec le passé et suggère une volonté de contrôler la direction du pays après le coup d’État d’août 2023. Mais le rejet de nombreuses candidatures, et les raisons avancées pour certains recalés, n’ont pas manqué de faire polémique.
Une sélection controversée : Une compétition tronquée ?
Le cas de Jean-Rémy Yama, leader syndical et figure de la société civile, est particulièrement frappant. Recalé pour des raisons administratives liées à un certificat de naissance de son père, Yama dénonce une « mascarade ». Cette situation fait surgir de graves interrogations sur l’équité du processus.
Si certains candidats, comme Pierre Claver Maganga Moussavou, sont écartés pour ne pas respecter la limite d’âge de la Constitution, d’autres, comme Marlène Essola Effoutamane, s’estiment victimes d’une loi sur mesure, contraignant le processus à se concentrer sur des candidats jugés compatibles avec le régime actuel. Cette situation ne manque pas de renforcer les doutes sur la neutralité du processus électoral.
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Appels et contestations pour les candidats récalés
Si la décision du ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, semble arrêtée, elle n’est cependant pas définitive. En effet, les candidats recalés disposent d’un délai de 72 heures pour faire appel de cette décision auprès de la Cour constitutionnelle. Cet aspect du processus pourrait ouvrir la voie à de nouvelles contestations et donner un répit aux recalés, même si la politique gabonaise a montré par le passé une certaine propension à contrôler les décisions judiciaires.
La Cour constitutionnelle pourrait ainsi jouer un rôle déterminant, mais son indépendance et son impartialité seront cruciales. Un éventuel rejet de l’appel ou des décisions qui semblent partiellement favorables au régime pourrait aggraver les tensions déjà palpables dans le pays. En outre, cette situation pourrait également révéler la fragilité de la transition actuelle, qui se trouve désormais confrontée à un scepticisme croissant, aussi bien au sein de la société civile qu’à l’international.
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Des élections sous haute tension
Les résultats préliminaires concernant la présélection des candidats à l’élection présidentielle au Gabon ouvrent une nouvelle phase dans le cheminement politique du pays. Les recalés ont désormais une dernière chance de se faire entendre par la Cour constitutionnelle, mais la transparence et la crédibilité de cette instance seront scrutées de près par les observateurs. Au-delà des aspects juridiques et administratifs, cette situation traduit une crise de confiance au sein de la classe politique gabonaise.
Il est certain que, quelle que soit l’issue de la procédure d’appel, la compétition pour la présidentielle de 2025 sera marquée par une forte polarisation, et l’engagement de la société civile à défendre des élections libres et équitables sera plus que jamais déterminante. Les mois à venir seront cruciaux pour observer si le Gabon réussira à naviguer cette transition avec suffisamment de stabilité pour aboutir à un processus électoral véritablement inclusif et transparent.
Tony A.