La crise politico-militaire de 2002 a déchiré la Côte d’Ivoire en deux moitiés, redéfinissant les rapports de force à tous les niveaux. Guillaume Soro s’impose comme une figure centrale de cet affrontement, jouant un rôle déterminant dans la structuration du MPCI et dans la recherche d’une résolution politique.
Cette deuxième partie examine son ascension au sein de la rébellion et ses efforts pour stabiliser un pays fracturé.
Guillaume Soro : De rebelle à homme d’État, le parcours d’un leader contesté; 1ère Partie
Guillaume Soro : De rebelle à homme d’État, le parcours d’un leader contesté – 1ère Partie
L’émergence d’un leader rebelle
En 2002, la Côte d’Ivoire plonge dans une crise politico-militaire sans précédent. Guillaume Soro, alors jeune leader charismatique, s’impose comme l’une des figures de proue du Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI). Cette organisation rebelle revendique la fin des inégalités sociales et ethniques, ainsi que la reconnaissance des droits des populations du nord du pays, souvent marginalisées.
Guillaume Soro joue un rôle central dans la structuration du MPCI. En tant qu’intellectuel du mouvement, il conçoit et rédige les textes fondateurs qui définissent les objectifs et l’organisation interne du groupe. Il se distingue également par sa capacité à mobiliser les jeunes et à articuler un discours politique qui attire l’attention des instances internationales. Son leadership permet de transformer une rébellion armée en un acteur politique incontournable.
Dès le 19 septembre 2002, le MPCI lance une attaque coordonnée sur plusieurs villes stratégiques, dont Bouaké et Korhogo. Bien que les rebelles ne parviennent pas à prendre Abidjan, cette offensive divise le pays en deux, avec le nord sous le contrôle des rebelles et le sud tenu par le gouvernement de Laurent Gbagbo. Guillaume Soro se distingue rapidement par sa capacité à structurer le mouvement et à négocier avec les instances internationales.
La signature des accords de Marcoussis
En janvier 2003, les différentes factions de la crise ivoirienne se réunissent en France pour négocier une sortie de crise. Guillaume Soro joue un rôle central dans ces discussions, représentant le MPCI à la table des négociations. Les accords de Marcoussis, qui en résultent, prévoient la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale et l’intégration des rebelles dans les institutions de l’État.
Cependant, ces accords suscitent des critiques. Nombreux sont ceux qui considèrent que l’intégration des rebelles dans le gouvernement constitue une légitimation de la rébellion armée. D’autres dénoncent l’absence de garanties claires pour le désarmement et la difficulté à instaurer une véritable confiance entre les parties. Guillaume Soro, bien qu’acclamé pour ses talents de négociateur, reste une figure controversée dans ce processus.
Premier ministre et artisan de la stabilisation
En 2007, Guillaume Soro est nommé Premier ministre dans le cadre des accords de Ouagadougou, destinés à renforcer la réconciliation nationale. Cette nomination reflète sa capacité à naviguer entre les différentes factions politiques et à maintenir un équilibre précaire entre les parties en conflit.
Durant son mandat, il supervise des initiatives clés telles que le désarmement des groupes armés, l’organisation des audiences foraines pour fournir des documents d’état civil aux populations et la préparation des élections présidentielles de 2010. Bien que critiqué pour certains manquements, son action contribue à poser les bases d’une stabilisation durable de la Côte d’Ivoire.
Malgré son rôle dans la pacification du pays, Guillaume Soro reste une figure controversée. Son passé de chef rebelle et les exactions commises par ses forces continuent de ternir son image. Néanmoins, il demeure une personnalité influente, capable de mobiliser des soutiens tant au niveau national qu’international.