Le conflit au Soudan, commencé en avril 2023, est sans doute l’une des guerres les plus meurtrières de notre époque. Pourtant, elle reste largement absente des agendas diplomatiques et médiatiques mondiaux. Entre massacres, famine, épidémies et déplacements massifs de populations, cette tragédie mérite une attention urgente et renouvelée. Comment expliquer un tel oubli collectif alors que les conséquences humanitaires sont dévastatrices ?
Depuis vingt mois, deux factions s’affrontent violemment :
- Les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane.
- Les Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire dirigée par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemedti ».
Ces deux camps, jadis alliés pour renverser le gouvernement de transition en 2021, ont plongé le Soudan dans une spirale de violence. Plus de 150 000 civils ont perdu la vie, et environ 13 millions de personnes ont été contraintes de fuir, créant une crise humanitaire d’une ampleur alarmante.
La guerre a également des racines profondes : ressentiment social, rivalités ethniques, et luttes claniques, particulièrement au Darfour, où les miliciens des FSR sont les successeurs des tristement célèbres Janjawids.
Les enjeux géopolitiques : une guerre alimentée par des intérêts internationaux
Le Soudan est riche en ressources stratégiques, notamment l’or et une façade maritime stratégique sur la mer Rouge. Ces atouts attisent les convoitises :
- Alliés des FAS : Égypte, Arabie saoudite, Iran, et Russie.
- Soutiens des FSR : Émirats arabes unis, principaux fournisseurs d’armes.
Ces rivalités internationales compliquent les efforts de médiation. Tandis que les pourparlers de paix échouent les uns après les autres, les belligérants continuent de bénéficier d’un approvisionnement constant en armes, alimentant le conflit.
Une tragédie oubliée par les médias et la diplomatie
Pourquoi la guerre au Soudan est-elle si peu médiatisée ? Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette invisibilité :
- Concurrence avec d’autres crises mondiales : L’attention internationale est accaparée par la guerre en Ukraine et les tensions au Proche-Orient.
- Manque de pression populaire : Sans mobilisation des opinions publiques, les gouvernements occidentaux restent passifs.
- Complexité de la crise : Les origines multiples du conflit et l’absence d’une solution claire découragent les efforts diplomatiques.
Les conséquences dramatiques pour la population
Les civils soudanais subissent un véritable calvaire :
- Déplacements massifs : Des millions de personnes, dont 4 millions d’enfants, ont été déplacées.
- Violations des droits humains : Violences sexuelles, massacres, et crimes de guerre sont monnaie courante.
- Effondrement des infrastructures : Accès à l’eau, à la nourriture, et aux soins est devenu quasi inexistant.
Que peut-on faire pour le Soudan ?
Il est impératif de réactiver les mécanismes de médiation et de bloquer l’approvisionnement en armes :
- Relancer les pourparlers de paix : L’Union africaine, les Nations Unies et d’autres acteurs doivent intensifier leurs efforts.
- Mobiliser l’opinion publique : Les médias et la société civile doivent jouer un rôle clé pour sensibiliser à cette tragédie.
- Sanctionner les belligérants : Imposer des restrictions économiques et militaires aux généraux qui refusent de coopérer pourrait accélérer les négociations.
La guerre au Soudan n’est pas seulement un conflit régional ; c’est une tragédie humaine de grande ampleur. Ignorer cette crise, c’est condamner des millions de personnes à souffrir dans l’ombre. Il est temps pour les gouvernements, les organisations internationales et les citoyens du monde de se mobiliser. Ensemble, nous pouvons faire entendre la voix des victimes et pousser les acteurs du conflit à trouver une issue pacifique. Ne fermons pas les yeux sur le Soudan.
Steven Edoé WILSON