dimanche, novembre 10 2024

Le sommet du G5 Sahel en Mauritanie intervient dans un contexte d’insécurité. En effet, à l’heure où le président français Emmanuel Macron et les chefs d’État de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad se retrouvent le mardi 30 juin à Nouakchott, le Sahel reste menacé par le phénomène terroriste. La capitale mauritanienne accueille le sommet six mois après les promesses de Pau, 

En effet, la coopération entre la France et les pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme en général et le djihadisme en particulier a été renforcée par les opérations Barkhane et Serval. En 2019, face à la perte de la légitimité des forces françaises entrainant des mouvements anti français et pour trouver une solution à la progression des narrations anti françaises, le sommet de Pau trouve toute sa justification.

Après six ans de présence militaire française au sahel pour lutter contre le djihadisme, plusieurs questions restent posées. Quel est le bilan de ces six années de coopération militaire ? Quels sont les enjeux à prendre en compte ? Quelles perspectives ? Telles sont les grandes questions que l’on pourra se poser sur la tenue de ce sommet du G5 Sahel en Mauritanie.

G5 Sahel en Mauritanie: les enjeux du sommet « bilan » 

L’analyse des enjeux du G5 Sahel en Mauritanie revient à dresser, au prime abord, le bilan de la coopération pour la lutte antiterroriste au sahel à partir de la tenue du sommet de Pau. En effet, la création d’une « coalition pour le Sahel » constitue la principale matérialisation des vœux du sommet de Pau. Parmi les quatre piliers de cet organe, on note le combat contre les groupes armés terroristes, la formation et l’équipement des armées du G5 ainsi que le développement et l’amélioration de la gouvernance.

Au plan militaire, le bilan promet. En effet, l’effort de la coalition fut concentré dans la région dite des trois frontières (à la jointure du Mali, du Niger et du Burkina), zone d’implantation la plus dense de l’Etat Islamique dans le Grand Sahel(EIGS). Outre l’action des forces françaises, on remarque la montée en puissance des forces du G5 Sahel qui ont pris une part plus remarquable dans les combats. Tous ces efforts ont été couronnés par l’élimination d’Abdelmalek Droukdel, l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, tué le 3 juin 2020 par la force française Barkhane aidée par le service des renseignements américain.

Par ailleurs, les formations dans le cadre du partenariat militaire opérationnel se poursuivent avec la création d’unités spéciales, l’apprentissage de nouvelles techniques et les livraisons de matériels s’intensifient. Si sur le plan militaire, les progrès sont à saluer plusieurs défis restent à relever.

 Sommet du G5 Sahel en Mauritanie: faire face aux  grands défis

Le défi capital que doit relever le sommet de Nouakchott reste sécuritaire. A cela s’ajoute les questions de développement des pays de la zone. En effet, au plan sécuritaire, il faut reconnaitre que toutes ces avancées enregistrées au plan militaire n’ont pas permis de venir à bout des djihadistes. Ces progrès restent très fragiles, car ces six derniers mois ont, par ailleurs, confirmé l’effondrement sécuritaire du Burkina Faso et une forte contestation politique au Mali.

Etant donné que la sécurité et le développement sont liés, ce sommet aura également le mérite de se pencher sur le pilier développement qui reste incontournable. C’est dans cette logique qu’on note les contributions portées par l’Alliance Sahel (800 projets et 12 milliards d’euros), l’Agence française de développement (300 projets) ainsi que le Partenariat pour la Sécurité et la Stabilité au Sahel (P3S) européen. Il s’agira, également, de répondre aux défis en termes d’emploi, de pauvreté, d’éducation, de santé, d’infrastructures du Burkina, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.

Malheureusement, toutes ces initiatives souffrent d’un manque de coordination, car ces organismes n’agissaient pas de concert. D’où, la nécessité d’une action plus coordonnée. De plus, l’effort doit se poursuivre, avec comme objectif de faire adhérer l’UE et le G20 au plan d’aide pour la Coalition Sahel et à l’Initiative pour l’Afrique pour la lutte contre la pandémie du Covid-19.

La stabilité politique doit également être préservée au niveau du G5, lui-même, avec à la clé l’augmentation des moyens déployés au Burkina-Faso (maillon faible de la région). La stabilité politique du Mali fait, aussi, craindre un basculement. C’est justement la considération des progrès et des défis qui justifient la déclaration du Président français, Emmanuel MACRON en ces termes : « La coalition annoncée, il y a six mois à Pau est en place. La lutte contre le terrorisme est en train de porter ses fruits avec le renversement du rapport de force, mais nous ne devons pas baisser la garde »

En définitive, même si l’évolution générale de la situation depuis janvier et du changement de rapport de force permet d’espérer, les acquis sont à consolider avec une volonté de relever rapidement les défis majeurs qui se posent.

 

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