A Bangui, l’édition prochaine d’une nouvelle constitution cristallise les attentions, surtout celles de l’opposition. Cette dernière est résolue à faire barrage à un éventuel troisième mandat du président Touadéra. Alors par le biais du G-16, nouvelle coalition de la société civile, elle proteste d’ores et déjà contre le projet de réforme constitutionnelle initiée depuis peu par Touadéra.
Elle a par ailleurs saisi la Cour constitutionnelle qui devrait très bientôt rendre son verdict sur la nécessité de cette modification des textes. Notons que cette réforme constitutionnelle, si elle est validée, viendra remplacer la constitution de 2016, issue des années de transition. Toutefois, elle serait soumise à referendum. Pour donc rendre effectif cette volonté de changement, un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution a été installé la semaine dernière.
La nouvelle constitution, une constitution du peuple
Selon Héritier Doneng, leader du Front républicain, la rédaction d’une nouvelle constitution n’est pas motivée par des intérêts égoïstes. Contrairement à la perception des opposants au président Touadéra, elle relève surtout d’un besoin manifeste exprimé depuis fort longtemps par les populations. Par conséquent, il fallait impérativement agir.
« Je ne saurais rester insensible à la demande pressante de mon peuple de se doter d’une nouvelle loi fondamentale. J’ai noté que la majorité de nos compatriotes estiment que notre corpus juridique ne doit pas être immuable », a expliqué le président Touadéra. Outre ces raisons sus évoqués, la nouvelle constitution se veut plus inclusive et répond mieux aux aspirations du peuple.
« Nous voulons une nouvelle Constitution qui reflète nos réalités sociales, économiques, environnementales. Nous voulons une Constitution évolutive pour permettre à la République centrafricaine de se développer. En 2016, il n’y a pas eu cette opportunité. Il n’y a pas eu cette occasion. C’est juste un groupuscule de scientifiques qui se sont mis quelque part et ont rédigé cette Constitution. Alors, cette fois-ci, ce sera la Constitution du peuple », a renchéri Héritier Doneng.
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Une confiscation illégale du pouvoir
Pour l’opposition, les raisons évoquées par le pouvoir en ce qui concerne cette nouvelle constitution, sont difficiles à accepter. De plus en ce moment où le pays tente de se relever des nombreuses crises subies, la réforme constitutionnelle serait plus source de division que de rassemblement.
« Ce que veut faire le président Touadéra aujourd’hui est ni plus ni moins une tentative de confiscation illégale du pouvoir, et donc de liquidation des institutions de la République », interpelle Ben Wilson Ngassan, porte-parole du G-16. Et de préciser, « cette question de révision constitutionnelle, puisqu’elle n’a pas été traitée en mettant autour de la table toutes les forces vives de la nation, ça crée un malaise, un souci ».
Pour Martin Ziguélé, l’idée d’une nouvelle constitution en Centrafrique est un faux prétexte, de la part de Touadéra pour s’éterniser au pouvoir. « Dans toutes les déclarations officielles du président Touadéra, il n’a jamais dit que certaines dispositions de la Constitution l’empêchaient d’exécuter le mandat sur lequel il s’est engagé devant le peuple centrafricain. Je pense que tout le monde sait que le pouvoir veut un troisième, puis un quatrième mandat, pour des raisons inavouables. »
El Professor