Le premier président de la Zambie, Kenneth Kaunda, hospitalisé en début de semaine est décédé à 97 ans. L’annonce a été faite hier jeudi 17 juin par le gouvernement. La Zambie, ancienne Rhodésie du Nord sous la colonisation britannique, pleure le père de son indépendance.
Kenneth Kaunda a dirigé son pays pendant 27 ans depuis l’indépendance sous le régime du parti unique. Il fut battu aux élections de 1991 après avoir accepté le multipartisme.
Un départ paisible
Kenneth Kaunda était hospitalisé depuis lundi au Centre médical Maina Soko pour une pneumonie, avait déclaré à l’AFP son assistant Rodrick Ngolo.
« Le problème de la pneumonie revient régulièrement (chez l’ex-président) et chaque fois que vous entendez qu’il est à l’hôpital, c’est à cause d’une pneumonie », avait-il affirmé, ajoutant que l’état de santé de l’ex-président s’était « amélioré » depuis lundi.
Mais dans la journée du jeudi 17 juin, le secrétaire du gouvernement, Simon Miti, a déclaré à la télévision nationale que Kenneth Kaunda est « mort paisiblement » à 14 h 30 (12 h 30 GMT) à l’hôpital. Un deuil national de vingt et un jours a été décrété. La nouvelle du décès a circulé dans l’après-midi sur les réseaux sociaux, avant l’annonce officielle.
Dans les lieux publics, des Zambiens à la mine grave gardaient les yeux rivés sur les écrans de télévision.
L’actuel président, Edgar Lungu, a exprimé sa « grande tristesse » dans un message publié sur Facebook. « Vous êtes parti au moment où nous nous y attendions le moins », a-t-il posté, regrettant la disparition d’une « véritable icône africaine ».
Véritable icône africaine
Surnommé « le Gandhi africain » pour son militantisme non violent, Kenneth Kaunda avait conduit l’ancienne Rhodésie du Nord, protectorat britannique, à l’indépendance sans effusion de sang en octobre 1964. Se réclamant du socialisme et proche de Moscou, il a dirigé le pays pendant 27 ans.
Lorsqu’il était au pouvoir, il a soutenu de nombreux mouvements luttant pour l’indépendance ou contre les pouvoirs tenus par la minorité blanche dans d’autres pays de la région, dont le Congrès national africain (ANC) en Afrique du Sud.
D’autres mouvements de libération et leurs branches armées avaient fait de la Zambie leur base arrière : des hommes et des armes venus du Zimbabwe, du Mozambique, d’Angola ou de Namibie.
« Kenneth Kaunda était résolu à libérer notre région du colonialisme » a tweeté l’actuel président namibien Hage G. Geingob. « Un géant de la lutte pour la libération de l’Afrique du Sud et du continent est tombé », a regretté jeudi le parti dans un communiqué. L’ancien président sud-africain Thabo Mbeki a salué « un homme du peuple ».
Depuis sa retraite en l’an 2000, l’ex-président mettait son autorité au service de la résolution des crises sur le continent africain, au Kenya, au Zimbabwe, au Togo et au Burundi. Il s’était également engagé dans la lutte contre le sida, après avoir annoncé publiquement que l’un de ses fils était mort de la maladie. Sa santé avait été fragilisée par le décès de son épouse Betty en septembre 2012. Ils avaient eu neuf enfants.
Esso A.