jeudi, décembre 12 2024

Les violences sexuelles et basées sur le genre continuent de frapper durablement les femmes en Afrique. Selon l’ONU Femmes, près de 33 % des femmes âgées de 15 à 49 ans auraient subi de telles atrocités. Pourtant, les victimes peinent à accéder à une justice adéquate, déplorent l’ONG Equality Now dans un rapport accablant publié ce jour.

Violences sexuelles

Intitulé « Le viol en Afrique, la loi, la pratique et l’accès à la justice », ce document révèle des lacunes profondes dans les systèmes juridiques de 45 pays africains. Entre contraintes culturelles, lois inadaptées et manque d’accès aux structures judiciaires, de nombreuses survivantes restent en marge de la justice. Ce silence forcé est alimenté par la peur d’être ostracisées par leurs communautés et par l’inefficacité des lois nationales, souvent insuffisantes pour reconnaître et punir les violences sexuelles  à leur juste mesure.

Violences sexuelles, des lois inadéquates et des peines dérisoires

Le rapport d’Equality Now pointe des disparités criantes dans les législations des pays africains. Certaines formes de violences sexuelles ne sont même pas reconnues par les codes pénaux. Dans les cas où elles le sont, les peines prévues restent parfois disproportionnellement légères. La Guinée équatoriale, par exemple, considère le viol comme un délit mineur, passible d’une peine d’emprisonnement mineure selon l’article 429 de son code pénal.

Lire aussi: Crise sur le corridor Douala-Bangui : un chauffeur tué, les syndicats accusent les forces russes

En outre, les violences conjugales, pourtant largement répandues, restent sous-représentées dans les textes de lois. Les sanctions infligées aux auteurs, notamment lorsqu’ils sont des partenaires ou des époux, sont souvent plus clémentes. Ces failles juridiques perpétuent l’impunité et laissent les survivants sans recours adéquat.

Un appel urgent à la réforme

Au-delà des limites légales, les contraintes culturelles et pratiques jouent un rôle déterminant dans le faible accès à la justice. Les pressions sociales dissuadent fréquemment les victimes de dénoncer leurs agresseurs, particulièrement dans les zones rurales.

De plus, l’exigence d’un certificat médical pour porter plainte, une condition incluse dans plusieurs législations nationales complique davantage le processus. Dans de nombreuses régions, les infrastructures de santé sont insuffisantes, rendant cette exigence quasi impossible à satisfaire.

Par conséquent, le rapport d’Equality Now appelle à une réforme législative et à une mobilisation des États africains pour garantir la justice et la protection aux victimes de violences sexuelles. Face à une situation où la législation et les pratiques judiciaires échouent encore à protéger les plus vulnérables, il devient impératif d’agir pour briser le cercle de l’impunité et du silence.

Tony A.

Previous

Crise sur le corridor Douala-Bangui : un chauffeur tué, les syndicats accusent les forces russes

Next

Cybercriminalité: plus de 1000 suspects arrêtés par Interpol en Afrique 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Voir Aussi

Ne Manquez Pas

Tchad

Tchad: début du retrait des troupes françaises

Tony AMETEPE

L’état major des armées du Tchad a annoncé mardi 10 décembre le départ d’une partie des avions de chasse de l’armée française. Ce départ fait suite à l’annonce de N’Djamena de rompre les accords de sécurité  et de défense avec Paris. Dans un communiqué, l’état major de l’armée française a également annoncé mardi le départ […]

Mahamat Déby

Tchad: le général Mahamat Déby élevé au rang de maréchal

Tony AMETEPE

Le chef de l’Etat tchadien, Mahamat Déby a été élevé au rang de maréchal. Une proposition de résolution portant son élévation à la dignité de maréchal a été votée lundi 9 décembre par les conseillers. Elle a été adoptée par 160 voix pour, 2 contre et 6 abstentions par le Conseil national de transition (CNT). La […]

Trump

[Tribune libre] Donald Trump et John Mahama : retour des perdants ou révélation psychologique de l’électorat ?

Tony AMETEPE

L’analyse des trajectoires électorales de figures emblématiques telles que Donald Trump et John Mahama, après des échecs successifs, a suscité une série de questions intrigantes sur la dynamique électorale et la psychologie des électeurs dans un contexte cette fois ci pas spécifiquement africain. Pourquoi ces deux leaders, après avoir perdu leurs réélections, réussissent-ils à revenir […]