samedi, septembre 7 2024

La scène politique sénégalaise est secouée par des vagues de déception et d’incompréhension. Ce nouveau tumulte survient à la suite de l’exclusion de deux candidats majeurs, Karim Wade et Ousmane Sonko, de la liste des participants à l’élection présidentielle du 25 février.

Si les raisons officielles invoquées semblent liées à des questions de nationalité, les réactions des deux coalitions révèlent des tensions politiques profondes. Par ailleurs, elles soulèvent des interrogations sur la transparence du processus électoral. Cette expression de la France, jugée tardive et entourée de suspicions, met aussi en lumière les enjeux cruciaux qui entourent la compétition politique au Sénégal.

Karim Wade, Victime d’une double nationalité contestée

Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, avait réussi l’étape du contrôle des parrainages avec succès, suscitant l’espoir au sein du Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Cependant, sa double nationalité franco-sénégalaise a finalement éclipsé ses ambitions présidentielles. Selon le Conseil constitutionnel, la publication tardive d’un décret au Journal Officiel français, daté du 16 janvier, a statué que Karim Wade était encore citoyen français à cette date, invalidant ainsi sa candidature.

Maguette Sy, mandataire de Karim Wade, exprime son étonnement quant au timing de la France dans cette affaire. Il dénonce une « combine » orchestrée contre le candidat et souligne que la renonciation à la nationalité française avait été officiellement actée depuis le 23 octobre, avec une attestation du consul près de l’ambassade de France à Doha. Karim Wade, dans une communication sur les réseaux sociaux, qualifie cette exclusion d’« atteinte à la démocratie » et annonce un recours à la Cour de justice de la Cédéao. Les députés du PDS réclament quant à eux une commission d’enquête parlementaire sur des « soupçons de conflits d’intérêts et de collusion » au sein du Conseil constitutionnel.

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Ousmane Sonko anticipe sa participation à la présidentielle

De manière similaire, le candidat Ousmane Sonko, figure de proue de la mouvance opposante, a été également recalé de la liste pour la présidentielle. Cependant, sa coalition avait anticipé cette situation en présentant plusieurs candidats alternatifs, parmi lesquels Bassirou Diomaye Faye, bras droit d’Ousmane Sonko, était désigné comme le plan B. Sur les réseaux sociaux, des affiches proclament « Bassirou c’est Sonko » en wolof, mettant en avant la similarité de leurs parcours.

Néanmoins, cette alternative suscite des controverses, car Bassirou Diomaye Faye est actuellement en détention depuis avril pour des accusations d’outrage à magistrat et d’atteinte à la sûreté de l’État. L’appel à sa libération par des figures de l’opposition soulève des questions sur l’équité du traitement entre les candidats. Guy Marius Sagna, député de l’opposition, demande la libération de Faye afin qu’il puisse participer à la campagne électorale comme ses pairs.

L’exclusion de Karim Wade et Ousmane Sonko soulève des interrogations profondes sur la légitimité et la transparence du processus électoral au Sénégal. Les contestations émanant des coalitions des deux candidats majeurs signalent une polarisation politique croissante et la perception d’ingérences extérieures dans le paysage politique sénégalais. L’avenir de la compétition présidentielle reste incertain, avec des recours judiciaires en cours et des appels à la vigilance démocratique.

 

Tony A.

 

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