jeudi, février 13 2025

Les tensions politiques et sociales qui secouent actuellement le Sénégal sont préoccupantes, avec des répercussions sur la stabilité du pays et le bien-être de sa population. Cependant, malgré l’ampleur de la crise, la communauté internationale, en particulier la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), semble adopter une position passive, laissant les Sénégalais se débattre seuls.

Cette inaction dans ces moments de tensions au Sénégal soulève des questions sur l’efficacité et l’engagement de la communauté internationale dans la promotion de la paix et des droits de l’homme. Il faut le rappeler, les récentes tensions au Sénégal sont nées de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans l’affaire de viol contre Adji Sarr. Depuis le jeudi 1er juin 2023, on dénombre plus de 15 morts, plus de 300 manifestants blessés et environ 500 arrestations selon le bilan official. Pour le moment Dakar, la capitale a retrouvé un calme encore précaire et une reprise des activités au ralenti. Mais rien n’est sûr, tout peut s’embraser à tout moment, surtout si les autorités tentent de déférer l’opposant Sonko en prison. La communauté internationale va-t-elle attendre le pire pour proposer des solutions pouvant aboutir à une sortie de crise ?

L’inaction de la communauté internationale face aux tensions au Sénégal

Face aux actuelles tensions au Sénégal, l’inaction de la communauté internationale et de la CEDEAO est considérée comme un silence qui résonne. Car depuis le début de la crise seulement les appels au calme et à l’arrêt des violences se sont succédés. Des solutions concrètes n’ont pu été proposées pour amener les différentes parties à lâcher du lest.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour sa part a condamné la violence et « exhorté tous les acteurs à […] la retenue ». Le même ton et langage ont été adoptés de la part de la France, qui s’est montrée « extrêmement préoccupée » : Paris appelle « à cesser les violences et à résoudre cette crise, dans le respect de la longue tradition démocratique du Sénégal ».

La Communauté des États ouest-africains (CEDEAO) quant à elle a fait part de son « inquiétude » et appelé toutes les parties à « défendre la réputation louable du pays en tant que bastion de paix et de stabilité ». « La CEDEAO condamne fermement les violences qui ont visé les forces de sécurité, les biens publics, les propriétés privées et troublé l’ordre public. Elle déplore les pertes en vie humaines et appelle à la retenue et au règlement des différends par des moyens pacifiques », a indiqué son communiqué en date du vendredi 2 juin 2023.

Lire Aussi :  PRÉSIDENTIELLE 2024 AU SÉNÉGAL SANS OUSMANE SONKO ? MACKY SALL DOS AU MUR

Les enjeux et les raisons sous-jacentes de cette passivité

Pour plusieurs observateurs de ces tensions au Sénégal, il est clair que la communauté internationale ne joue pas véritablement le rôle attenu d’elle. Car malgré l’ampleur des tensions politiques et sociales qui ont secoué le pays, la réponse de la communauté internationale, en particulier de la CEDEAO, demeure un communiqué habituel. Ce qui a été perçue une nouvelle fois comme une réponse passive, voire indifférente de l’organisation sous régionale.

Pour d’autres, il semblerait, que de nombreux facteurs peuvent expliquer cette inaction. Tout d’abord, il existe des intérêts géopolitiques et économiques qui peuvent influencer les prises de position de la communauté internationale. Certains pays membres de la CEDEAO pourraient être préoccupés par les répercussions économiques ou politiques d’une intervention plus active au Sénégal. Cette réalité complexe peut conduire à une attitude plus réticente et à une approche de non-ingérence.

De plus, il est possible que la CEDEAO soit confrontée à des défis internes dans son fonctionnement et son unité. La coordination entre les pays membres peut être difficile, ce qui peut entraîner des divergences d’opinions et une difficulté à formuler une réponse unifiée face à la crise sénégalaise. En bref, une légitimation tacite des abus provoquée par la difficulté de l’action collective et les limites de l’influence internationale.

Lire Aussi :  SONKO CONDAMNÉ : UN COMPLOT ORCHESTRÉ OU JUSTICE RENDUE ?

La CEDEAO toujours décriée

L’inaction de la communauté internationale face aux tensions au Sénégal a été largement critiquée et a suscité des déceptions tant au niveau local qu’international. Le manque d’intervention internationale est plus ou moins perçu comme un abandon de la part de la communauté internationale, ce qui alimente le mécontentement et la frustration parmi les Sénégalais. De plus, cela peut avoir des conséquences sur la stabilité du pays, avec le risque d’une escalade des tensions et d’une détérioration de la situation politique et sociale.

« On sait que la CEDEAO est un machin créé pour protéger les dictateurs comme Macky. Dites-lui de déguerpir et laisser l’alternance politique du Sénégal aux jeunes », a exprimé un internaute. Et un autre de commenter « Voilà une institution qui regarde certains chefs d’État tripatouiller les constitutions sans lever le petit doigt pour venir en fin pondre des communiqués de condamnation quand le mal est déjà fait. BRAVO à cette CEDEAO= Syndicat de certains chefs d’État. Bravo ! »

« C’est parce que c’est le Sénégal que les autorités de la CEDEAO ne peuvent pas prendre position et condamner fermement la violence. On incrimine les manifestants et quand çà dégénère, on se cache derrière des tournures bidons pour dire qu’il s’agit des affaires intérieures et on laisse les choses se gâter. Dite à Macky Sall qu’il ne doit pas se présenter à un troisième mandat et la paix reviendra au Sénégal », interpelle Boubacar, un citoyen.

Il est essentiel d’encourager la communauté internationale, en particulier la CEDEAO, à prendre des mesures concrètes et à s’engager activement dans la résolution de la crise au Sénégal. Cela pourrait inclure des efforts diplomatiques, la promotion du dialogue entre les parties concernées, la médiation et la facilitation d’un processus de résolution pacifique. L’intervention internationale, lorsqu’elle est bien coordonnée et fondée sur les principes de respect des droits de l’homme et de la démocratie, peut jouer un rôle crucial dans la stabilisation de la situation et la prévention d’une escalade des tensions au Sénégal à long terme.

Tony A.

Previous

Scandale à Madagascar : Un rapport accablant secoue la filière de la vanille

Next

Propagation du terrorisme en Afrique de l'Ouest : le Ghana devient une cible privilégiée des groupes djihadistes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Voir Aussi

Ne Manquez Pas

François Hollande sur la RDC : « Il faut frapper fort, le Rwanda doit entendre raison »

François Hollande sur la RDC : « Il faut frapper fort, le Rwanda doit entendre raison »

Investigateur Africain

Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), la situation s’aggrave avec la reprise des combats dans le Sud-Kivu. Face à l’inaction de la communauté internationale, les voix s’élèvent pour exiger une réponse plus ferme, notamment celle de l’ancien président français, François Hollande. Dans une interview accordée à RFI, il affirme sans ambiguïté que […]

Prime de recherche non financée : les enseignants-chercheurs maliens tiennent tête aux autorités

Prime de recherche non financée : les enseignants-chercheurs maliens tiennent tête aux autorités

Investigateur Africain

Depuis le 27 janvier 2025, les enseignants-chercheurs maliens sont en grève pour la troisième semaine consécutive, plongeant ainsi l’enseignement supérieur dans une crise prolongée. Ce mouvement, soutenu par une majorité de l’université et des grandes écoles du pays, réclame l’application d’une première recherche, promise par les autorités maliennes depuis 2017, mais toujours non financée. Si […]

RDC : Pourquoi l'Afrique du Sud déploie-t-elle discrètement ses troupes à Lubumbashi ?

RDC : Pourquoi l’Afrique du Sud déploie-t-elle discrètement ses troupes à Lubumbashi ?

Investigateur Africain

Dans une discrétion absolue, l’Afrique du Sud a déployé il y a une dizaine de jours plusieurs centaines de soldats et du matériel militaire à Lubumbashi, en République Démocratique du Congo. Un mouvement stratégique surprenant alors que le principal théâtre des combats contre le M23 se situe à plus de 1 700 km de là, […]