Le parlement européen a adopté, jeudi 13 février, une résolution appelant à la suspension immédiate du partenariat UE-Rwanda, signé en février 2024. Avec 443 voix pour et seulement 4 contre, cette décision résonne comme une victoire pour la RDC, qui accuse Kigali de piller ses ressources naturelles. L’eurodéputé Marc Botenga, à l’origine de la proposition, insiste sur l’importance de cette résolution pour faire pression sur la Commission européenne et inciter les gouvernements nationaux à agir.
Les critiques se concentrent sur l’exploitation illégale des minerais congolais. Selon les Nations unies, les rebelles du M23, soutenus par Kigali, collectent près de 800 000 dollars par mois en taxes sur le commerce de minerais rares. Cette réalité alimente les tensions, d’autant que la Commission européenne avait annoncé, en 2023, une aide de 900 millions d’euros au Rwanda dans le cadre du programme Global Gateway.
Des mesures fortes envisagées par le parlement européen
Le parlement européen dans sa résolution préconise non seulement la suspension du protocole d’accord, mais aussi le gel de l’aide budgétaire directe et de l’aide militaire au Rwanda. Le Parlement européen conditionne toute reprise des financements à la rupture des liens de Kigali avec le M23 et à l’accès humanitaire aux zones touchées par le conflit.
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Parallèlement, des sanctions ciblées contre des responsables militaires rwandais sont à l’étude, une mesure soutenue par le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévôt. Cette position révèle une pression croissante sur l’UE, qui peine à concilier ses intérêts stratégiques avec ses engagements en matière de droits humains. Par ailleurs, ce bras de fer illustre les intérêts stratégiques complexes de l’UE en Afrique. Le Rwanda, partenaire-clé dans la lutte contre l’insurrection au Mozambique, bénéficie d’un soutien financier significatif de l’UE, comme en témoigne l’aide de 20 millions d’euros accordée en novembre 2024. Kigali, par la voix du président Paul Kagame, rejette les menaces de sanctions, affirmant privilégier la sécurité nationale face aux pressions extérieures.
Cette résolution, bien que symbolique, met la Commission européenne sous pression. Elle souligne l’urgence de réconcilier stratégie géopolitique et respect des droits humains. Une décision définitive sur le gel des aides pourrait redéfinir les relations de l’UE avec l’Afrique des Grands Lacs, rendant crucial le positionnement futur de Bruxelles face aux enjeux sécuritaires et humanitaires régionaux.
Tony A.