Ce jeudi 13 février marque une étape cruciale dans la lutte de deux communautés nigérianes contre le géant pétrolier Shell. Devant la Haute Cour du Royaume-Uni, les plaignants espèrent obtenir justice pour les dégâts environnementaux subis dans le delta du Niger, et plus particulièrement sur le territoire d’Ogoni.
Soutenus par Amnesty International, ils dénoncent une pollution ayant contaminé les terres, les cours d’eau et l’eau potable, provoquant des conséquences sanitaires dramatiques. L’ONU rapporte qu’au moins 7 000 déversements de pétrole ont eu lieu dans la région depuis 1958. Une étude de 2011 du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) avait révélé des taux de benzène cancérigènes 900 fois supérieurs aux normes de l’OMS.
Environnement dévasté par Shell et populations en détresse
Les conséquences des déversements de pétrole sont catastrophiques. Les terres agricoles sont devenues infertiles et les eaux polluées ont anéanti la pêche, source de revenus pour de nombreuses familles. Des problèmes de santé, notamment des malformations congénitales et des maladies respiratoires, ont été signalés. Isa Sanusi, directeur d’Amnesty International Nigeria, accuse Shell de chercher à fuir ses responsabilités en invoquant des actes de sabotage. Pour lui, la destruction environnementale résulte avant tout de l’exploitation pétrolière de la compagnie.
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Ce procès devant la Haute Cour britannique, qui s’achèvera le 10 mars, est particulièrement symbolique. Il expose surtout la responsabilité des multinationales pour leurs actions à l’étranger. Une condamnation de Shell pourrait créer un précédent juridique, renforçant l’obligation des grandes entreprises à répondre de leurs actes devant des tribunaux internationaux. Cette affaire est suivie de près par de nombreuses ONG et pourrait influencer les pratiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
Au-delà du verdict attendu, cette bataille judiciaire symbolise la lutte des populations vulnérables contre les abus des multinationales. Elle interpelle sur l’urgence d’une réglementation plus stricte des industries extractives. Une décision en faveur des plaignants pourrait non seulement rendre justice aux communautés affectées mais aussi marquer un tournant dans la protection des droits environnementaux au niveau mondial.
Tony A.