Le gouvernement burkinabè a lancé une opération d’envergure visant à renforcer la discipline au sein de la fonction publique. Depuis le 10 février, le ministre de la Fonction publique, Mathias Traoré, a instauré un contrôle strict de la présence des agents de l’État, dans un contexte de gestion budgétaire tendue et de critiques croissantes sur l’efficacité de l’administration publique.
Le constat du ministre Mathias Traoré est sans appel : de nombreux fonctionnaires ne sont pas à leur poste aux heures de travail et certaines tâches ne sont pas exécutées par les personnes correctement chargées de les accomplir. Pour y remédier, un contrôle rigoureux a été mis en place, reposant sur un suivi quotidien des présences par les chefs de service de chaque ministère et institution.
Une lutte contre l’absentéisme et les abus dans la fonction publique
Désormais, chaque supérieur hiérarchique direct devra pointer la présence ou l’absence de ses agents, aux heures ouvrables. Ce contrôle sera adapté aux secteurs spécifiques comme la santé et la sécurité, où les horaires de travail sont différents. Les fiches de présence seront transmises aux Ressources humaines pour un suivi régulier, et un rapport sera présenté tous les six mois au Premier ministre.
L’objectif est double : assurer un service public efficace et maîtriser les effectifs de la fonction publique. Les absences répétées faussent les besoins en recrutement et pèsent lourdement sur le budget national. En clarifiant la situation des agents, le gouvernement espère mieux ajuster la gestion des ressources humaines et freiner la croissance incontrôlée de la masse salariale.
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Une réforme nécessaire mais un défi de mise en œuvre
Cette initiative s’inscrit dans une volonté de réformer l’administration burkinabè, souvent évoquée pour son manque de rigueur. Toutefois, la mise en œuvre du dispositif pourrait se heurter à plusieurs obstacles. D’abord, la résistance interne : certains fonctionnaires habitués à une certaine souplesse dans leur emploi du temps pourraient contester ou contourner le système. De plus, la fiabilité du contrôle repose sur l’intégrité des chefs de service, qui doivent faire preuve d’impartialité et de fermeté dans l’application des directives.
Par ailleurs, il est essentiel que cette réforme s’accompagne d’une des conditions de travail. Un contrôle plus strict ne suffira pas à améliorer la productivité si les infrastructures, les équipements et les incitations ne suivent pas. Le gouvernement devra veiller à ce que cette mesure ne se limite pas à une simple répression, mais qu’elle soit intégrée dans une politique globale de modernisation de la fonction publique.
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Vers une administration plus efficace ?
Ce contrôle des fonctionnaires marque une étape décisive pour l’administration burkinabè. En s’attaquant à l’absentéisme et aux dysfonctionnements internes, le gouvernement cherche à renforcer la crédibilité des services publics et à optimiser l’utilisation des ressources de l’État. Cependant, la réussite de cette initiative dépendra de la transparence et de l’équité dans son application, ainsi que d’une politique plus large de réforme du secteur public.
Alors que d’autres pays d’Afrique de l’Ouest font face à des défis similaires, cette initiative pourrait inspirer des réformes au-delà des frontières burkinabè. La question reste ouverte : le gouvernement parviendra-t-il à instaurer une nouvelle culture de responsabilité au sein de la fonction publique ? Les prochains mois permettront de mesurer l’efficacité réelle de cette opération et d’évaluer son impact sur le service aux citoyens.
Tony A.