Depuis plusieurs jours, la capitale centrafricaine Bangui est en proie à une sévère pénurie de carburant, mettant les habitants dans une situation chaotique. De longues files d’attente s’étendent devant les rares stations-service encore opérationnelles, tandis que la majorité d’entre elles restent fermées, faute d’approvisionnement. Cette crise, qui s’inscrit dans un contexte de fragilité économique et logistique, a d’ores et déjà un impact majeur sur la vie quotidienne des citoyens.
Au-delà des heures d’attente interminables et des tensions devant les stations-service, les conséquences de cette pénurie s’étendent bien au-delà de la simple indisponibilité de l’essence ou du gasoil. Le transport, pierre angulaire de l’économie locale, est gravement affecté, entraînant une flambée des prix des trajets et un ralentissement général des activités commerciales.
Des prix qui explosent et une mobilité entravée à Bangui
Le secteur des transports à Bangui est le premier à subir de plein fouet cette crise. Les taxis et les motos-taxis, essentiels aux déplacements dans la capitale, peinent à s’approvisionner en carburant, réduisant ainsi drastiquement leur disponibilité. « Il faut arriver à la station dès 3 heures du matin pour espérer obtenir du carburant », témoigne Michel, conducteur de moto-taxi. Mais souvent, après plusieurs heures d’attente, l’essence vient à manquer avant même que tous les clients ne soient servis.
Face à cette situation, le marché noir prospère. De nombreux automobilistes et conducteurs de taxis n’ont d’autre choix que de se tourner vers les revendeurs illégaux, où le prix du litre dépasse largement le tarif officiel. Sylvain, un usager contraint d’acheter du carburant à la sauvette, témoigne : « Nous avons dû payer jusqu’à 1 400 FCFA le litre, alors qu’il coûte normalement 1 100 FCFA en station. » Cette augmentation se répercute automatiquement sur les tarifs des transports en commun, rendant encore plus difficile la mobilité des habitants les plus modestes. Erica, une résidente de Bangui, déplore : « Le prix des trajets a doublé, c’est devenu insupportable. »
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Des répercussions en chaîne sur l’économie et la vie quotidienne
La paralysie du transport impacte non seulement les particuliers mais aussi les petites entreprises et le commerce informel, piliers de l’économie locale. De nombreux commerçants peinent à s’approvisionner ou à écouler leurs marchandises en raison de la difficulté de circulation. Les marchés se vident progressivement, et certaines activités tournent au ralenti, menaçant les revenus de milliers de familles déjà précaires.
Par ailleurs, la pénurie de carburant exacerbe l’instabilité sociale. Devant certaines stations-service, des bousculades et des tensions éclatent régulièrement entre clients frustrés. Cette crise montre en effet la vulnérabilité du pays face à des chocs d’approvisionnement, révélant un manque criant de solutions alternatives pour garantir une distribution stable du carburant.
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Pendant que la population de Bangui subit de plein fouet les effets de cette pénurie, les autorités restent étonnamment silencieuses. Aucune mesure concrète n’a encore été annoncée pour pallier le problème, laissant les habitants dans l’incertitude totale quant à l’évolution de la situation. Pourtant, cette crise ne se limite pas à un simple problème logistique ; elle met en péril l’ensemble du fonctionnement économique et social de la capitale. Sans une réaction rapide et efficace du gouvernement, la situation risque de s’aggraver, avec des conséquences potentiellement dramatiques sur l’ensemble du pays. Une intervention urgente est nécessaire pour garantir un approvisionnement régulier en carburant et éviter une paralysie totale de l’économie centrafricaine. En attendant, la population de Bangui continue de subir une crise dont l’issue demeure incertaine.
Tony A.