Le neuvième anniversaire de l’accession au pouvoir de Faustin-Archange Touadéra s’est transformé en une véritable démonstration de force de son parti, le Mouvement Cœurs Unis (MCU). Rassemblés par dizaines de milliers au stade Barthélémy-Boganda de Bangui, ses partisans ont massivement appelé à sa candidature pour un troisième mandat. Si l’actuelle Constitution de la Centrafrique, adoptée en août 2023, le lui permet, cette perspective suscite de vives tensions au sein de l’opposition et de la société civile.
Alors que l’ancien professeur de mathématiques présente un bilan marqué par la restauration de l’armée et le développement des infrastructures, ses détracteurs y voient une stratégie pour s’accrocher au pouvoir. Face à cette pression populaire, le président reste prudent et entretient le suspense, affirmant qu’il « avisera au moment venu ». Cette attente stratégique pourrait bien être une manœuvre politique visant à jauger les réactions et à préparer le terrain pour une annonce officielle.
Une popularité de Touadéra entretenue par un bilan contrasté
Les partisans du président Touadéra louent ses efforts pour stabiliser la Centrafrique après des années de chaos. Sous sa présidence, l’armée nationale a été renforcée, atteignant aujourd’hui plus de 24 000 soldats, un atout majeur dans un pays encore confronté à des groupes armés résistants. De plus, des projets de développement, notamment dans les infrastructures, ont été lancés, symbolisant une volonté de modernisation.
Toutefois, ce tableau est loin d’être unanimement salué. L’opposition et une partie de la population estiment que la démocratie est mise à mal. La modification de la Constitution en 2023, facilitant la prolongation du pouvoir de Touadéra, a été perçue comme un recul démocratique. De plus, la persistance de la précarité et des difficultés économiques laisse planer des doutes sur l’efficacité de ses réformes.
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Une opposition en alerte et une société civile divisée
Face à cette dynamique pro-Touadéra, le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) a annoncé une manifestation contre un troisième mandat. Pour ces opposants, la Centrafrique ne doit pas emprunter la voie des régimes qui modifient les règles du jeu pour se maintenir au pouvoir. La bataille politique s’annonce donc rude, d’autant plus que la répression des voix discordantes s’est accrue ces dernières années.
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Si la population est partagée, la question essentielle demeure : Faustin-Archange Touadéra a-t-il encore la capacité de réunir une nation en quête de stabilité et de prospérité, ou son maintien au pouvoir risque-t-il d’aggraver les fractures politiques et sociales ? La réponse viendra dans les mois à venir, au rythme d’une campagne présidentielle qui s’annonce sous haute tension.
Le rassemblement du 30 mars à Bangui a été une démonstration de force politique et une première étape vers une potentielle candidature de Touadéra à un troisième mandat. Si le président bénéficie d’un soutien populaire notable, l’opposition reste vigilante et prépare la riposte. La Centrafrique est à la croisée des chemins : entre continuité politique et aspiration à une alternance, l’élection de décembre 2024 s’annonce décisive pour l’avenir du pays.
Tony A.