Hier lundi 29 mars 2023, dans le pays du président Yoweri Museveni, la promulgation de la loi « anti-homosexualité 2023 », a déclenché une vague d’indignation. La mesure prise contre les homosexuels de ce pays d’Afrique fait craindre le pire pour les ONG de défense des droits humains. Il en est de même pour la communauté internationale qui depuis un certain temps essaie de faire une certaine pression sur le gouvernement ougandais sans succès.
Bien qu’un texte prévît déjà des peines allant jusqu’à dix ans de prison contre les personnes entretenant des relations homosexuelles ou se revendiquant comme LGBT+, le 21 mars dernier, le Parlement ougandais a voté une nouvelle loi prévoyant de lourdes peines.
Les homosexuels désormais très inquiétés
Depuis une loi datant de la colonisation britannique, en Ouganda, l’homosexualité est illégale et les « actes d’homosexualité » sont passibles de prison à perpétuité. Mais selon la version promulguée, le « fait d’être homosexuel » n’était pas un crime, mais « l’homosexualité aggravée » est un crime capital. Ce qui signifie que les homosexuels récidivistes pourraient être condamnés à mort.
Aussi une disposition de la nouvelle loi anti-LGBT met aussi en cause la promotion faite par plusieurs organisations œuvrant dans ce domaine. En ce sens quiconque « promeut sciemment l’homosexualité » encourt jusqu’à vingt ans de prison (dix ans d’interdiction s’il s’agit d’une organisation). Ce qui fait craindre le pire dans les jours à venir selon ces structures en charge de la défense des intérêts des homosexuels.
« En tant que Parlement ougandais, nous avons tenu compte des préoccupations de notre peuple et légiféré pour protéger le caractère sacré de la famille (…) Nous sommes restés fermes pour défendre la culture, les valeurs et les aspirations de notre peuple », a déclaré dans un communiqué, Anita Among, la présidente du Parlement.
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Des craintes de vives représailles
Pour les organisations de défense des droits des homosexuels, avec la nouvelle loi « anti-homosexualité 2023 », il y a de quoi vraiment s’inquiéter. Car plusieurs organisations de défense des homosexuels seront amenées à fermer. Alors, quel sera le sort de ces personnes LGBT, faut-il s’interroger. Cela risque vraiment d’engendrer des arrestations et des morts, et des morts… En clair un crime contre l’humain qu’il faudrait éviter.
« Nous nous sentons tellement, tellement, tellement inquiets. Cette loi va faire beaucoup de mal à la communauté LGBTQ ougandaise », a fait savoir pour sa part le directeur exécutif de Sexual Minorities Uganda, organisation de défense des droits des homosexuels. D’ailleurs, les activités de cette organisation ont été suspendues par les autorités l’année dernière.
« Le président ougandais a aujourd’hui légalisé l’homophobie et la transphobie soutenues par l’État. C’est un jour très sombre et triste pour la communauté LGBTIQ, nos alliés et tout l’Ouganda », a réagi Clare Byarugaba, une militante ougandaise des droits.
L’homophobie en hausse en Ouganda
D’après le rapport de 2006 du département d’État des États-Unis, les homosexuels en Ouganda « font face à une discrimination et à des restrictions légales généralisées. Très souvent, les gays et les lesbiennes sont discriminés et harcelés par les médias, la police, les enseignants.
« En Ouganda, les personnes LGBT ne sont pas du tout tolérées. Tout le monde s’est mis à me détester, je n’oublierai jamais ces quelques jours. Je me suis senti tellement honteux, j’ai été humilié, j’ai été insulté… Je ne peux plus retourner dans mon pays désormais. Certaines personnes là-bas sont persuadées qu’en tant que personnes queers, nous allons chercher à soi-disant « recruter » leurs enfants. Ils veulent se débarrasser de nous, j’en connais qui ont été tués comme ça ! Il y a une telle injustice… Pourquoi est-ce que mes droits ne sont pas respectés ? Est-ce que je ne suis pas humain ? Je le suis pourtant ! », a confié
Malgré que le gouvernement ougandais considère l’homosexualité comme une indécence caractérisée, la population LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) est estimée à 500 000 personnes dans le pays.
La Rédaction