La nouvelle constitution gambienne a été rejetée par le parlement. Pourtant, cette nouvelle constitution gambienne était censée restaurer les fondamentaux de la démocratie, suite à la chute du dictateur Yahya Jammeh. A l’origine de ce rejet, la limitation de mandats et le mode de scrutin introduits dans le document.
Le président gambien, Adama Barrow, et son camp s’opposent à la limitation des mandats introduite dans la nouvelle constitution gambienne. Du moins, à la façon dont elle est élaborée. En effet, cette constitution prévoit la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Mais, les divergences se situent au niveau de la rétroactivité d’un chapitre de cette loi fondamentale.
Ce chapitre en question considère que le premier mandat du président Adama Barrow prend effet avec son élection en décembre 2016. Le président Barrow et son camp s’y opposent. Dans ce sens, ils ont soumis une résolution à la commission de révision constitutionnelle. Dans cette résolution, les soutiens du président actuel demandent que le premier mandat de ce dernier soit compté à partir de 2021. C’est-à-dire à la fin du mandat en cours. Ils refusent également un scrutin à deux tours. Cette position est soutenue par le camp de l’ancien président et dictateur Yahya Jammeh.
La nouvelle constitution gambienne,une alliance contre-nature ?
Les députés proches du président Barrow n’étaient pas capables à eux-seuls de bloquer l’adoption de la nouvelle constitution. Pour le faire, ils avaient forcément besoin des soutiens de Yahya Jammeh. Et pour cause, selon la constitution de 1997, il faut une majorité absolue (3/4) pour cette modification constitutionnelle. En se constituant en « minorité de blocage », Adama Barrow et Yahya Jammeh empêchent donc toute majorité éventuelle. A l’issue donc des travaux, le texte a été rejeté dès la deuxième lecture. Concrètement, 31 députés ont voté pour et 23 contre.
Cette alliance laisse à croire que l’actuel Président de la Gambie est sur les traces de son homologue de la RDC. Une alliance entre l’ancien et le nouveau président pour que l’ancien puisse peser de son poids en faveur du nouveau. En contrepartie, le nouveau garantit à l’ancien, la tranquillité et les postes juteux. En affichant leur rejet vis-à-vis de cette nouvelle constitution gambienne, les deux hommes politiques se rendent coupables d’obstruction à la démocratie. C’est en tout cas l’avis de certains observateurs.
Nouvelle constitution gambienne rejetée, grosses déceptions en Gambie et ailleurs
La Gambie a connu 22 années de dictature sous le règne de Yahya Jammeh. En 2016, Adama Barrow a pu compter sur la pression internationale pour que son prédécesseur lui cède la place, après l’élection présidentielle. Dès lors, toute la communauté internationale s’implique davantage pour que le pays retrouve sa démocratie. D’ailleurs, les bailleurs de fonds, dont l’Union Européenne, le Royaume-Uni, les USA et l’Allemagne avaient publié une déclaration commune. Dans cette déclaration, ils demandaient aux députés gambiens de voter oui. C’est désormais peine perdue.
Le sentiment de déception est partagé au sein de la population, mais aussi au sein de la société civile. « Beaucoup de gens voulaient une nouvelle Gambie. Le rejet du projet rend impossible de le faire, comme la nouvelle Constitution gambienne aurait pu réformer nos institutions », se désole Sait Matty Jaw, professeur de sciences politiques à L’université de Gambie. Pour cet analyste politique, ce sont deux années de rêves et de consultations avec les partis politiques et la société civile qui sont ainsi perdues.
Au niveau du pouvoir et ses alliés, on se défend : « Personne ne peut me convaincre que la Constitution actuelle est mauvaise. Quand Yahya Jammeh avait refusé de quitter le pouvoir, c’est pourtant cette constitution, dite mauvaise, qui a été utilisée pour le chasser », explique un député.
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