Ce vendredi 7 mars 2025 marque une étape décisive dans la redéfinition des relations militaires entre le Sénégal et la France. Deux des cinq emprises militaires françaises, les quartiers Maréchal et Saint-Exupéry, situés à proximité du parc de Hann et du port de Dakar, seront officiellement remises aux autorités sénégalaises. Cette restitution, sans cérémonie mais formalisée par un procès-verbal, témoigne d’un processus diplomatique et logistique mûrement engagé depuis plusieurs mois.
Si ces infrastructures étaient déjà inoccupées depuis un an, leur transfert matérialise un changement dans l’équilibre des relations militaires de défense entre Dakar et Paris. Ce retrait partiel s’inscrit dans un contexte plus large de repositionnement stratégique français en Afrique, à l’heure où plusieurs pays du continent remettent en question la présence militaire hexagonale. Pour le Sénégal, cette démarche illustre une volonté de renforcement de sa souveraineté nationale tout en préservant une coopération militaire ciblée avec la France.
Un processus graduel aux enjeux multiples
La cession de ces deux premières emprises n’est qu’une première étape. Trois autres sites stratégiques restent à restituer : une emprise située au port, une autre au centre du quartier de Ouakam, et enfin une base d’écoutes maritime à Rufisque. Leur rétrocession est déjà actée, mais le calendrier précis reste en discussion au sein de la commission mixte franco-sénégalaise.
Au-delà de la restitution foncière, la question de l’équipement et des missions assurées par la France demeure. Un point d’achoppement concerne notamment le Falcon 50, un avion militaire français stationné à l’aéroport de Dakar. Cet appareil joue un rôle clé dans la surveillance maritime, notamment pour la lutte contre la pêche illégale et le trafic de drogue. Paris souhaite maintenir sa mission, mais aucune décision définitive n’a encore été prise sur son avenir.
L’enjeu pour le Sénégal est d’assurer une transition en douceur sans compromettre ses capacités opérationnelles. En récupérant ces emprises, l’armée sénégalaise devra évaluer les infrastructures disponibles, renforcer ses effectifs et potentiellement acquérir de nouveaux matériels pour pallier un éventuel déficit capacitaire. Ce qui implique naturellement une recomposition des relations militaires entre les deux pays.
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Vers une recomposition des relations militaires franco-sénégalaises ?
Ce processus de retrait des troupes françaises du Sénégal ne signifie pas pour autant la fin de la coopération ou des relations militaires entre les deux pays. Historiquement très proches, Paris et Dakar entretiennent une relation défense basée sur des accords bilatéraux et des formations conjointes. La France demeure un partenaire clé dans la formation des forces armées sénégalaises et dans le partage d’informations stratégiques.
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Toutefois, cette dynamique intervient dans un contexte de transformation géopolitique où plusieurs pays africains redéfinissent leurs relations militaires. Certains préfèrent diversifier leurs alliances en se tournant vers d’autres puissances comme la Russie, la Chine ou la Turquie. Le Sénégal, pour sa part, semble vouloir maintenir une relation équilibrée avec la France tout en affirmant une plus grande autonomie dans la gestion de sa sécurité nationale.
Le retrait progressif des éléments français du Sénégal s’inscrit donc dans une recomposition plus large de la présence militaire étrangère en Afrique. Reste à voir comment Dakar exploitera cette opportunité pour renforcer ses capacités de défense et repositionner ses alliances stratégiques dans les années à venir.
Tony A.