Fin de la transition au Tchad : La nouvelle Assemblée Nationale peut-elle rompre avec le passé ?
Ce mardi 4 février 2025 marque une journée historique au Tchad : la fin officielle du Conseil national de transition (CNT) et l’installation de la nouvelle Assemblée nationale. Celle-ci est issue des élections législatives du 29 décembre dernier. Après quatorze ans sans renouvellement du Parlement, ce retour à une institution élue suscite autant d’attentes que d’interrogations.
La cérémonie d’installation a débuté par un passage de relais entre le secrétaire général du CNT et les nouveaux élus. L’un des moments clés de cette journée est l’élection du président de l’Assemblée nationale, un poste stratégique qui déterminera la dynamique de cette nouvelle institution. Le nom d’Ali Kolotou Tchaimi, député du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) et ancien premier vice-président du CNT, est parmi les favoris pour occuper cette fonction.
Une majorité absolue à l’Assemblée nationale pour le MPS : quel impact sur l’opposition ?
Avec 124 députés sur 188, le MPS, parti du président Mahamat Idriss Déby, détient la majorité absolue. Une configuration qui risque de limiter les marges de manœuvre de l’opposition et pose la question du pluralisme au sein de l’Assemblée. L’opposition, bien que représentée, devra composer avec cette domination du MPS pour faire entendre sa voix. La mise en place d’un règlement intérieur provisoire et la désignation des chefs de groupes parlementaires constituent les premiers tests de la capacité de cette Assemblée à fonctionner de manière démocratique.
La formation de cette nouvelle Assemblée intervient dans un contexte de transition post-Déby marqué par des tensions et des doutes sur la sincérité du processus démocratique. La communauté internationale et la société civile tchadienne observeront de près le fonctionnement de cette institution pour évaluer son indépendance et son rôle dans la consolidation de la démocratie.
La création d’un véritable espace de débat politique et de contrôle du gouvernement sera essentielle pour asseoir la crédibilité de cette nouvelle Assemblée. L’élection du président du Parlement et des commissions parlementaires constituera une première indication de la direction que prendra cette institution.
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Un retour à la normalité institutionnelle, mais avec quelles garanties ?
Après quatorze ans sans renouvellement parlementaire, le retour d’une Assemblée nationale élue est un pas vers la normalisation politique. Cependant, des doutes persistent quant à l’autonomie réelle des députés face au pouvoir exécutif. Si le rôle d’un Parlement est de contrôler l’action du gouvernement et de représenter les aspirations du peuple, encore faut-il que la liberté d’expression et d’action y soit réelle. La présence d’une majorité absolue du MPS pourrait en effet limiter la possibilité d’un véritable contre-pouvoir.
L’installation de cette nouvelle Assemblée nationale est un moment clé pour la démocratie tchadienne. Elle représente une opportunité de renouer avec un fonctionnement institutionnel normal, mais son succès dépendra de la capacité des députés à assumer pleinement leur rôle.
Pour l’heure le pouvoir en place assure vouloir une transition apaisée et inclusive. La société civile et la communauté internationale quant à elles resteront vigilantes. Cette nouvelle Assemblée nationale sera-t-elle un organe démocratique effectif ou une simple chambre d’enregistrement ? Les mois à venir apporteront une réponse cruciale à cette question.
Tony A.