Malgré une convalescence prolongée après une sévère pneumonie, le pape François continue de suivre avec inquiétude la situation au Soudan du Sud. Le 30 mars 2025, dans un message écrit, il a exhorté les dirigeants sud-soudanais à « faire tout leur possible pour faire baisser la tension dans le pays », alors que les rivalités politiques menacent de replonger le pays dans un conflit sanglant. Cette déclaration du pape François intervient à un moment où la communauté internationale redoute une résurgence des violences qui avaient ensanglanté le pays entre 2013 et 2018.
L’appel du pape François s’inscrit dans une longue tradition d’implication du Vatican dans le processus de paix sud-soudanais. Dès 2019, dans un geste historique, le pape avait accueilli les deux rivaux, le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar, au Vatican, allant jusqu’à embrasser leurs pieds pour les implorer de faire la paix. Deux ans après sa visite à Juba en 2023, où il avait déjà adressé des mises en garde sévères aux dirigeants du pays, son message de 2025 semble témoigner d’une frustration face à une situation qui n’a guère évolué.
Un pays toujours au bord du gouffre
Depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud est en proie à une instabilité chronique, marquée par des affrontements entre factions rivales, une gouvernance fragile et une crise humanitaire persistante. Le conflit de 2013-2018, qui avait opposé les forces loyales à Salva Kiir et celles de Riek Machar, s’était soldé par un accord de paix fragile, souvent remis en question par des tensions récurrentes et des violations de cessez-le-feu.
L’implication du Vatican, aux côtés de l’Église anglicane et presbytérienne, visait à appuyer une dynamique œcuménique pour stabiliser le pays. Cependant, les efforts diplomatiques, bien que symboliquement puissants, n’ont pas suffi à instaurer une paix durable. La corruption, les luttes de pouvoir et les tensions ethniques continuent d’entraver tout progrès vers la réconciliation. Face à cette impasse, la nouvelle exhortation du pape François est un rappel amer que les appels à la paix restent souvent ignorés par ceux qui détiennent le pouvoir.
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Le rôle de la communauté internationale : un engagement à revoir
L’indifférence des dirigeants sud-soudanais aux nombreux appels à la paix interroge : la communauté internationale a-t-elle abandonné le Soudan du Sud à son sort ? Après des années de médiation et de financements humanitaires, les puissances occidentales semblent s’essouffler face à une crise qui paraît insoluble. L’ONU et l’Union africaine, bien que préoccupées, peinent à exercer une pression efficace sur les dirigeants sud-soudanais.
Alors que le pape François continue d’élever sa voix, il est clair que sans un engagement plus ferme des puissances régionales et internationales, son cri risque de rester un écho dans le désert. Tant que les élites politiques locales n’auront pas une réelle volonté de stabiliser le pays, les Sud-Soudanais resteront les premières victimes d’un cycle de violence sans fin.
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Une paix insaisissable, un appel du pape François à ne pas abandonner
L’histoire récente du Soudan du Sud montre que les engagements de paix sont souvent trahis par des ambitions personnelles et des rivalités profondes. Pourtant, l’exhortation du pape François n’est pas anodine. Elle rappelle que, malgré les défis, la paix reste possible si la volonté politique et l’engagement international sont au rendez-vous.
Si le pape, malgré son état de santé fragile, continue d’interpeller les dirigeants sud-soudanais, c’est parce que la stabilité du pays est une nécessité non seulement pour sa population, mais aussi pour l’ensemble de la région. La question demeure : cette nouvelle alerte sera-t-elle enfin entendue, ou viendra-t-elle s’ajouter à la longue liste des appels ignorés ?
Tony A.