À nouveau, le Mali est frappé en plein cœur par le JNIM. Dans la nuit du 1er juillet, une série d’attaques coordonnées a visé au moins sept localités, dont Kayes et Dioïla, a provoqué une onde de choc dans tout le pays. L’armée malienne, qui a réagi par une riposte qualifiée de « décisive », affirme avoir neutralisé 80 jihadistes et récupéré armes et véhicules. Mais au-delà de cette réponse musclée, la récurrence et la sophistication de ces attaques interroge sur la capacité de l’État à endiguer une insurrection désormais bien implantée.
L’opération revendiquée par le JNIM groupe (Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin), affilié à Al-Qaïda, rappelle à quel point le Mali reste le maillon faible de la ceinture sahélienne, malgré les promesses de restauration de l’autorité de l’État formulées par la junte au pouvoir depuis 2020. Entre la gestion de l’insécurité, la multiplication des fronts internes et la défiance croissante des populations, la stratégie sécuritaire de Bamako apparaît plus que jamais sous tension.
Des attaques simultanées orchestrées par le JNIM, symbole d’un jihadisme muté
Le mode opératoire des assaillants du JNIM ne laisse aucune place au doute. Le jihadisme au Mali s’est métamorphosé, passant d’embuscades isolées à des assauts coordonnés et massifs. À Kayes, à la frontière sénégalaise, des habitants ont décrit une ville en état de siège, en raison des tirs nourris, panique et fumées s’élevant des bâtiments officiels. En visant plusieurs localités simultanément, le JNIM démontre sa capacité logistique à frapper loin et vite.
Le Sahel à feu et à sang : la région la plus meurtrière de la planète
Ces offensives interviennent alors même que l’armée malienne avait revendiqué, ces derniers mois, plusieurs succès tactiques dans le centre et le nord du pays. Mais pour nombre d’observateurs, l’intensité des répliques jihadistes révèle une dynamique asymétrique. Chaque victoire militaire sur le terrain reste fragile tant que l’État peine à consolider sa présence administrative et à regagner la confiance des populations rurales, souvent premières victimes des représailles.
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Entre couvre-feu et contre-offensive : une stratégie qui interroge
Face à cette escalade, les autorités ont réagi par l’instauration de couvre-feux nocturnes de trente jours dans les zones touchées, signe d’un retour aux mesures d’urgence. Si ces restrictions visent à contenir les mouvements suspects, elles rappellent aussi la difficulté à prévenir les attaques en amont. Sur le terrain, la militarisation accrue ne suffit pas toujours à combler le vide laissé par l’absence d’infrastructures, de services publics et de perspectives économiques pour les jeunes, terreau fertile pour les groupes armés.
La répétition de ces assauts par le JNIM pose aussi la question de la coordination régionale. Aux frontières sénégalaise et mauritanienne, la porosité territoriale reste une faiblesse majeure. Or, avec le retrait de certaines forces étrangères et la réduction de la coopération sécuritaire, Bamako se retrouve plus isolé que jamais dans ce bras de fer contre une insurrection transfrontalière, résiliente et bien enracinée.
En revendiquant ces attaques d’ampleur, le JNIM envoie un message clair. Le cœur du Mali reste vulnérable malgré les démonstrations de force de l’armée. La junte, confrontée à un triple défi militaire, politique et social doit désormais repenser une stratégie de stabilisation qui ne se limite pas à la riposte armée. La crise malienne dépasse ses frontières et rappelle que, sans solutions concertées et inclusives, le Sahel tout entier continuera de payer le prix d’une insécurité chronique. Plus que jamais, la paix passera par un retour de l’État, la justice et le développement dans les zones laissées pour compte.
Sandrine A.