Les mines du Mali, troisième producteur d’or en Afrique, traverse une période inquiétante pour son secteur. En 2023, la production aurifère a chuté à 51 tonnes, bien en dessous des 58 tonnes prévues. Cette baisse de 15 tonnes par rapport à l’année précédente marque la première fois en trois ans que le pays ne parvient pas à franchir le seuil des 60 tonnes, un revers majeur pour une économie largement dépendante de l’exploitation de ses mines d’or.
Les raisons de cette chute sont multiples. Le vieillissement des mines et l’épuisement progressif des gisements ont largement contribué à cette baisse. La mine de Morila, autrefois qualifiée de « mine miracle », en est un exemple frappant. Nationalisée par l’État, sa production a drastiquement diminué. À cela s’ajoutent des défis logistiques, des difficultés d’investissement et une détérioration des relations entre les autorités maliennes et certaines compagnies minières étrangères.
Des mines vieillissantes et un secteur en mutation
Si l’or a longtemps été une valeur refuge pour le Mali, les rendements des mines industrielles ne cessent de s’effriter. Les réserves d’or ont chuté de 17 % en deux ans, illustrant l’épuisement progressif des gisements exploités depuis plusieurs décennies. Fekola et Loulo-Gounkoto, gérés par la société Barrick Gold, demeurent les plus productifs du pays. Mais l’arrêt temporaire de certaines opérations en raison de tensions avec les autorités maliennes pourrait aggraver la tendance.
L’État malien doit aujourd’hui jongler entre la volonté d’augmenter sa participation dans l’exploitation minière et la nécessité d’attirer de nouveaux investisseurs. L’instabilité politique et les décisions réglementaires récentes ont cependant refroidi certains acteurs, comme en témoigne le désengagement progressif de certaines sociétés étrangères.
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L’urgence d’une diversification économique
Face à cette situation critique, le gouvernement malien prend conscience de la nécessité de sortir de la dépendance exclusive à l’or. Des initiatives émergent pour diversifier l’économie, notamment à travers l’extraction de nouveaux minerais comme le lithium, dont les réserves du pays sont prometteuses.
Le développement du secteur agricole, du textile ou encore des énergies renouvelables est également à l’ordre du jour. Toutefois, ces initiatives demandent du temps, des investissements massifs et un climat économique plus stable pour attirer des financements étrangers et locaux.
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Quel avenir pour le secteur aurifère malien ?
Si le Mali reste un acteur clé du marché aurifère africain, son avenir dépendra de sa capacité à moderniser son secteur minier. L’intensification des explorations pour découvrir de nouveaux gisements, l’optimisation des infrastructures existantes et une meilleure gestion des ressources pourraient permettre d’enrayer cette baisse de production.
À court terme, le pays devra faire face aux conséquences économiques de cette chute : baisse des recettes d’exportation, impact sur les finances publiques et sur l’emploi. La mise en place d’une politique minière plus équilibrée et d’une stratégie de diversification économique efficace sera cruciale pour limiter les risques et assurer un avenir plus stable au Mali.
Tony A.