Le Ghana, autrefois cité en exemple pour sa stabilité économique, entame une nouvelle ère sous la présidence de John Mahama. Élu le 8 décembre dernier et investi ce 7 janvier à Accra, le président devra faire face à un défi colossal. Celui de relancer l’économie du pays tout en maîtrisant un coût de la vie galopant qui étouffe les ménages.
Même si la croissance dépasse 6 %, portée par un secteur extractif dynamique et des soutiens financiers tels qu’un prêt de 3 milliards de dollars du FMI, l’inflation à plus de 23 % illustre un déséquilibre frappant.
John Mahama face à une économie en croissance, mais des résultats inégaux
Malgré des indicateurs économiques encourageants, comme une hausse de 56 % de la bourse des valeurs ghanéenne en 2023, les retombées ne se produisent pas dans le quotidien des citoyens. La monnaie nationale, le cedi, reste faible, ce qui renchérit les importations. Conséquence : les prix des denrées alimentaires de base, comme le riz, les tomates et les oignons, comptent parmi les plus élevés de la région ouest-africaine.
Cette inflation alimentaire met à rude épreuve une population marquée par un chômage important et des revenus en berne. Les manifestations populaires qui se multiplient ces derniers mois traduisent un profond malaise social. L’amélioration des indicateurs macroéconomiques reste donc une façade si elle ne s’accompagne pas de mesures concrètes pour améliorer le pouvoir d’achat.
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Le défi de la dette et des politiques sociales
En défaut de paiement depuis 2022, le Ghana a entamé un processus de restructuration de sa dette, une étape cruciale pour regagner la confiance des investisseurs et accéder à des financements à des taux abordables. Cependant, cet effort ne suffit pas. John Mahama devra convaincre qu’il est capable d’aller au-delà des ajustements financiers en mettant en place des politiques sociales solides.
Pour cela, il devra réorienter les priorités économiques afin de favoriser les investissements dans les secteurs créateurs d’emplois et de réduire la dépendance aux importations alimentaires en stimulant l’agriculture locale. Cette tâche s’annonce d’autant plus ardue que les besoins sont pressants et que les marges de manœuvre budgétaires sont étroites.
Un mandat sous haute pression pour John Mahama
Le mandat de John Mahama débute dans un contexte de double paradoxe : une croissance qui ne bénéficie pas aux citoyens et une dette qui freine les ambitions sociales. Les attentes de la population sont immenses, et tout retard dans les réformes pourrait attiser une instabilité sociale déjà palpable.
Le nouveau président devra donc agir habilement entre exigences financières et attentes sociales pour inscrire son mandat dans une perspective de redressement durable et inclusif. Le Ghana est à la croisée des chemins, et les prochains mois seront déterminants pour réconcilier croissance et bien-être des citoyens.
Tony A.