Lors du premier Conseil des ministres de 2025, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a profité de cette rentrée politique pour lancer une mise en garde à ses ministres. Entre absentéisme récurrent, voyages prolongés à l’étranger et une gestion jugée parfois personnelle des affaires publiques, le chef de l’État n’a pas mâché ses mots. Ces remontrances, largement médiatisées deux jours plus tard, visent à corriger un dysfonctionnement chronique au sein de son gouvernement.
Cependant, cette sortie, un avertissement présidentiel aux accents d’urgence a aussitôt fait l’objet de critiques de l’opposition. Elle dénonce une tentative de détournement face à des responsabilités plus profondes. À un an de la fin de son mandat, Faustin-Archange Touadéra adopte un ton professoral, rappelant à ses ministres leurs devoirs envers la population. Mais ce rappel à l’ordre soulève des questions. S’agit-il d’une véritable prise de conscience ou d’une manœuvre politique destinée à redorer son image avant l’échéance présidentielle de 2026 ?
Une critique sévère contre absentéisme mais peu suivie d’effets
Faustin-Archange Touadéra n’a pas hésité à fustiger l’absentéisme comme un comportement qu’il qualifie d’irresponsable. Il a déclaré des absences massives lors des Conseils des ministres et des déplacements fréquents à l’étranger qui ne génèrent, selon lui, aucune retombée significative pour le pays. Certains ministres, dit-il, consacraient plus d’énergie à soigner leur image sur les réseaux sociaux qu’à travailler à l’amélioration des conditions de vie des Centrafricains.
Cependant, cette critique, aussi virulente soit-elle, s’accompagne d’un paradoxe : malgré les accusations portées, aucune mesure concrète n’a été annoncée contre les ministres incriminés. Cette indulgence présuppose de susciter la colère de l’opposition, qui accuse le président de maintenir sa confiance envers une équipe qu’il qualifie lui-même d’inefficacité. L’ancien Premier ministre Martin Ziguélé n’a pas hésité à qualifier ce discours de « purement démagogique », accusant Touadéra de tolérer l’incompétence tout en cherchant à apaiser une opinion publique de plus en plus critique.
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Les implications pour le paysage politique
Cette mise en garde intervient dans un contexte où la Centrafrique fait face à des défis politiques, sécuritaires et économiques considérables. Si Faustin-Archange Touadéra entend mobiliser son gouvernement pour les derniers mois de son mandat, cette sortie publique peut également s’interpréter comme une stratégie visant à anticiper les critiques lors des futures échéances électorales. Elle illustre aussi une crise de leadership, où l’autorité présidentielle semble contestée au sein même de l’exécutif.
Un signal ou un aveu d’échec ? En dénonçant publiquement les dysfonctionnements de son gouvernement, Faustin-Archange Touadéra envoie un signal clair : il entend redresser la barre. Mais sans actions décisives, cette mise en garde risque d’être perçue comme un aveu d’impuissance, renforçant la défiance de l’opinion publique et de l’opposition. Le président centrafricain, à l’aube de son dernier virage, joue une partie délicate où chaque mot et chaque geste compteront pour son avenir politique.
Tony A.