samedi, novembre 23 2024

En République centrafricaine (RCA), la promulgation du nouveau code électoral par le président Faustin-Archange Touadera, le 2 juillet 2024, a déclenché une vague de protestations de la part de l’opposition. Cette dernière pointe du doigt plusieurs dispositions qu’elle considère contraires à la Constitution adoptée en 2023. Au cœur des critiques se trouve notamment la notion de « Centrafricain d’origine » comme condition pour pouvoir se présenter aux élections présidentielles, une exigence qui n’apparaît pas pour les législatives, régionales ou municipales.

Pour les opposants, ces incohérences révèlent une tentative de verrouiller l’accès au pouvoir et d’exclure certains candidats potentiels. Cette polémique intervient alors que le pays se prépare pour des élections locales en octobre prochain, avec une liste électorale datant de 2020 qui, selon l’opposition, n’a pas été mise à jour comme le prévoit la nouvelle loi. Les tensions autour de ce nouveau code pourraient exacerber les divisions politiques et compromettre la tenue d’élections libres et transparentes en Centrafrique.

Des critères d’éligibilité contestés dans le nouveau code électoral

Le nouveau code électoral stipule que seuls les Centrafricains d’origine peuvent se présenter aux élections présidentielles. Cependant, pour les législatives, municipales et régionales, il suffit d’être de nationalité centrafricaine. Cette différence de traitement est jugée inconstitutionnelle par l’opposition, qui se réfère à l’article de la Constitution de 2023 exigeant que tous les candidats à des fonctions électives soient des Centrafricains d’origine, c’est-à-dire nés de parents eux-mêmes centrafricains d’origine.

Martin Ziguelé, une figure de l’opposition, s’insurge : « La notion de Centrafricain d’origine, dans le code électoral, n’apparaît que pour la candidature aux élections présidentielles. Alors que la Constitution dit que pour participer à l’ensemble des élections, il faut être centrafricain d’origine. »

Cette exigence, d’après les opposants, exclut de facto de nombreux citoyens de la vie politique, creusant davantage le fossé entre les gouvernants et le peuple. La composition de l’Autorité nationale des élections (ANE) reste un autre point de discorde, les opposants contestant sa partialité et son efficacité. Ils craignent que cette institution, perçue comme pro-gouvernementale, ne garantisse pas des élections libres et transparentes.

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Une mise à jour de la liste électorale controversée

Le nouveau code électoral prévoit une mise à jour de la liste électorale au moins un an avant chaque scrutin. Cependant, la liste actuelle date de 2020, ce qui pose un problème logistique et juridique pour les élections locales prévues en octobre prochain. L’opposition y voit une tentative d’organiser des élections biaisées, sans une véritable révision de la liste électorale.

Les autorités, en revanche, défendent la légitimité du code électoral et appellent à un consensus national. Mathurin Dimbelet Nakoué, porte-parole de la coalition de la majorité parlementaire, souligne : « À mon avis, ce ne sont pas des problèmes majeurs. Si les gens de l’opposition, en soulevant ces problèmes-là, les soumettaient devant des organismes compétents, ça rendrait service à tout le monde. »

Le bras de fer entre le gouvernement et l’opposition semble inévitable. Les opposants appellent à une intervention des juges administratifs et du Conseil constitutionnel pour trancher sur la conformité des nouvelles dispositions avec la Constitution. Ils espèrent ainsi obtenir des clarifications et des ajustements nécessaires pour garantir des élections crédibles.

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Un avenir électoral incertain

La promulgation du nouveau code électoral et les réactions qu’il suscite reflètent les tensions politiques persistantes en Centrafrique. Le président Touadera et ses partisans affirment que les modifications apportées sont nécessaires pour stabiliser le pays et aligner le processus électoral sur la nouvelle Constitution. Cependant, l’opposition perçoit ces changements comme une manœuvre pour restreindre la participation électorale et renforcer le pouvoir en place.

Le débat autour du nouveau code électoral met en lumière les défis démocratiques en Centrafrique. Alors que les autorités plaident pour un dialogue constructif, les opposants exigent des réformes concrètes pour assurer une représentation équitable et transparente. L’avenir politique de la RCA dépendra en grande partie de la capacité des différentes parties à trouver un terrain d’entente et à garantir un processus électoral inclusif et juste.

 

Tony A.

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