lundi, décembre 2 2024

Le 30 juillet prochain, les centrafricains sont appelés dans les urnes pour répondre à la convocation d’un référendum constitutionnel. C’est ce qu’a annoncé le président Faustin-Archange Touadéra dans un message à la nation, hier mardi 30 Mai. Pour plusieurs acteurs politiques, cette annonce bien que sans surprise leur fait craindre une certaine manipulation constitutionnelle. Ce qui plongerait le pays une nouvelle fois dans un recul flagrant en matière de démocratie.

Depuis quelques mois, le projet de nouvelle constitution a poussé gouvernement et opposition à se retrouver dans un bras de fer. Dans ce sillage, en septembre 2022, la Cour constitutionnelle avait annulé le décret créant un comité de rédaction de la nouvelle Constitution. Par ailleurs, Danièle Darlan, la présidente de l’institution, avait été mise à la retraite d’office. En janvier 2023, la Cour a finalement validé la loi encadrant l’organisation des référendums. En attendant que les Centrafricains soient informés des principales réformes du projet de nouvelle constitution qui sera soumis au vote, les contestations se multiplient. Un hypothétique troisième mandat du président Touadéra est d’ores et déjà dénoncé.

Un referendum constitutionnel nécessaire

Selon le président Faustin-Archange Touadéra, l’initiative d’un nouveau projet constitutionnel tient de raisons multiples. Il est aisément remarquable selon lui que la loi fondamentale de 2016 sur laquelle il a d’ailleurs, a deux fois, prêté serment présente plusieurs insuffisances auxquelles il est impératif de remédier. Aussi la constitution actuelle du pays comporte des dispositions qui pourraient compromettre le développement du pays. Par conséquent un referendum constitutionnel est utile pour une refondation de l’État.

« Dès la promulgation de cette Constitution, certains courants politiques centrafricaines ainsi qu’une majorité de nos populations l’ont trouvée insuffisante pour des motifs divers et variés, notamment en ce qu’elle ne propose pas de solutions appropriées aux causes des conflits militaro-politiques récurrents que connaît le pays », a-t-il expliqué. Et d’ajouter, « elle n’affirme pas clairement la souveraineté de l’État ni l’indépendance nationale, ni le droit à l’autodétermination du peuple ».

Pour les adversaires de Faustin-Archange Touadéra, le referendum constitutionnel est une opportunité pour le président d’accroitre ses pouvoirs et surtout de s’éterniser au pouvoir. En d’autres termes sa démarche a en réalité pour but de sauter les verrous afin de pouvoir briguer un troisième en 2025. Ceci même s’il ne l’a pas dit explicitement. Toutefois, pour les opposants, permettre au président centrafricain de remettre à zéro le compteur des mandats présidentiels serait inacceptable.

Lire Aussi : ÉVICTION DE DANIÈLE DARLAN : LE BARREAU DE CENTRAFRIQUE SE PRONONCE

Un troisième mandat en vue ?

« Il veut rester au pouvoir et ça arrange les affaires de beaucoup de gens. Ce n’est pas une surprise, mais c’est surtout illégal. Comme vous le savez, la Cour constitutionnelle avait déjà déclaré illégale l’organisation d’un référendum pour plusieurs raisons. Donc, la convocation de ce référendum est tout aussi illégale, estime Crépin MBoli-Goumba, le coordonnateur du Bloc républicain de défense de la constitution (BRDC).

« À ceux qui auraient des raisons de redouter l’avènement d’une nouvelle constitution, je voudrais d’ores et déjà les rassurer, si besoin en était encore, que l’organisation d’un referendum constitutionnel dans les conditions requises par la Constitution ne saurait être valablement analysée comme une volonté du président de la République d’empêcher l’alternance politique, gage de démocratie et de droit », rassure pour sa part le président Touadéra.

L’opposition quant à elle ne manque pas d’afficher ses intentions contre ce referendum constitutionnel. « Puisque le président Touadéra dit que le peuple est au-dessus de tout, le peuple doit décider. Nous allons donc avoir recours au peuple centrafricain. Il y a des voies qui sont prévues, notamment les manifestations, les sit in. Nous allons explorer toutes les voies légales qui s’offrent à nous pour pouvoir défendre la Constitution et défendre la démocratie dans notre pays », prévient également Crépin MBoli-Goumba.

 

Tony A.

 

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