À moins de cinq mois des élections générales cruciales de décembre 2025, les électeurs sont au cœur du processus électoral. En effet, la Centrafrique aborde un tournant déterminant de son processus démocratique. L’Autorité nationale des élections (ANE) a officiellement rendu publiques les listes électorales provisoires, ouvrant la voie à une phase de vérification citoyenne aussi sensible que stratégique. Cette étape constitue un véritable test de transparence et de confiance, tant pour les institutions électorales que pour l’ensemble du corps électoral, dans un contexte politique encore fragile. À l’horizon : un scrutin décisif pour l’avenir institutionnel du pays.
Du 19 au 28 juillet 2025, les électeurs sont appelés à consulter les listes dans les centres d’affichage à travers le pays. Un laps de temps crucial où chaque citoyen peut vérifier son inscription et corriger d’éventuelles erreurs. Ce geste, en apparence simple, incarne un enjeu fondamental : garantir un processus électoral inclusif, transparent et conforme aux standards démocratiques.
Vers une participation plus représentative des électeurs ?
Sur une population estimée à plus de 5 millions d’habitants, la Centrafrique enregistre désormais plus de 2,3 millions d’électeurs inscrits. Une avancée notable due à la dernière campagne d’enrôlement, qui a permis d’intégrer 773 563 nouveaux électeurs dans la base de données de l’ANE. Ce bond numérique traduit un effort conséquent des autorités pour inclure davantage de citoyens dans la vie politique nationale, en particulier les jeunes et les populations rurales souvent exclues des processus électoraux.
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Mais cette dynamique positive cache encore des défis. L’insécurité persistante dans plusieurs régions du pays, les problèmes logistiques et la faible couverture administrative laissent planer le doute sur la fiabilité complète de ces listes. De plus, le niveau d’alphabétisation et la sensibilisation encore limitée dans certaines zones rurales pourraient empêcher de nombreux électeurs de détecter les erreurs ou omissions dans leurs informations personnelles.
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Une étape technique, mais aux enjeux politiques majeurs
La publication des listes n’est pas qu’une formalité technique. Elle conditionne toute la suite du processus : confection des cartes d’électeurs, convocation du corps électoral, puis tenue des élections locales, législatives et présidentielles. En publiant les listes dans les délais, l’ANE cherche à renforcer sa crédibilité et à rassurer l’opinion publique sur sa capacité à organiser un scrutin libre et fiable.
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Le président de l’institution électorale a d’ailleurs salué le travail des commissaires électoraux, tout en remerciant les partenaires techniques et financiers pour leur soutien. Un signal fort envoyé à la communauté internationale, à qui Bangui demande toujours un appui logistique et financier renforcé. Car la réussite du processus dépend aussi de la stabilité politique et de la coopération entre les institutions républicaines, dans un contexte de défiance politique accrue.
Cette première étape du processus électoral ne doit pas être minimisée : elle est le fondement sur lequel repose la légitimité des résultats à venir. Dans un pays marqué par des années de conflits et de transitions politiques fragiles, chaque avancée technique constitue un test de résilience démocratique. À l’approche de décembre 2025, l’enjeu est double : permettre une expression libre et sincère du suffrage populaire, tout en démontrant que la Centrafrique est capable de conduire, par elle-même, un processus électoral crédible, apaisé et inclusif. Reste maintenant à transformer l’essai, dans un climat encore chargé d’incertitudes.
Tony A.

