La dette sénégalaise, récemment réévaluée à près de 100 % du PIB contre les 74 % initialement déclarés, a ouvert une nouvelle phase dans les relations entre Dakar et le Fonds monétaire international (FMI). Cette révélation a provoqué une onde de choc économique et diplomatique, ébranlant la confiance des partenaires internationaux et exposant les fragilités structurelles du système de gouvernance budgétaire sénégalais. Dans ce contexte, la transparence devient le maître mot d’une coopération renouvelée entre le Sénégal et ses bailleurs.
Mais loin de s’enliser dans le scandale, le Sénégal semble aujourd’hui choisir la voie de la réforme et de la responsabilité. En saluant les efforts entrepris par Dakar pour corriger les erreurs du passé, le FMI envoie un signal fort. En effet, l’alignement sur les normes internationales de transparence peut rouvrir les portes de la coopération financière. Une mission du FMI est d’ailleurs attendue à la fin août à Dakar pour discuter d’un nouveau programme de soutien, en parallèle du traitement de l’affaire des fausses déclarations.
Dette sénégalaise : réformer pour restaurer la confiance
La révélation du niveau réel de la dette sénégalaise n’est pas anodine. Elle illustre une problématique plus large sur le continent. Il s’agit notamment de l’opacité des finances publiques dans un contexte de recours croissant à l’endettement extérieur. Pour les bailleurs de fonds, la fiabilité des données économiques est la base de toute relation de confiance. Or, les « erreurs » de déclaration à Dakar interrogent sur les mécanismes de contrôle internes, mais aussi sur les pressions politiques exercées sur les institutions nationales.
Face à cette situation, les autorités sénégalaises semblent vouloir jouer la carte de la coopération. L’enjeu n’est plus seulement de corriger une statistique, mais de transformer un épisode de crise en catalyseur de réforme. Le FMI, par la voix de Julie Kozack, sa directrice de communication, a d’ailleurs insisté sur l’importance de mesures correctives profondes et sur le développement des capacités nationales, pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent.
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Ghana, Sénégal : deux modèles de redressement à suivre ?
Alors que le Ghana a lui aussi été récemment salué pour ses efforts de consolidation budgétaire, une nouvelle dynamique semble émerger : celle de l’Afrique proactive, où les États assument leurs erreurs, corrigent leurs trajectoires, et s’inscrivent dans une logique de transparence durable. Le parallèle entre Accra et Dakar montre que, même après des épisodes critiques, la discipline financière et l’engagement réformateur peuvent être récompensés par un soutien international renouvelé.
Mais ces exemples interpellent aussi l’ensemble du continent. Le FMI n’exige pas seulement des chiffres à jour : il attend des États qu’ils renforcent leurs institutions de gestion budgétaire, qu’ils impliquent davantage les citoyens dans la transparence publique, et qu’ils évitent les pièges de l’endettement non soutenable. La vérité comptable devient alors un instrument de souveraineté.
La crise de la « dette sénégalaise cachée » au Sénégal pourrait bien marquer un tournant stratégique. En reconnaissant l’ampleur du problème et en s’ouvrant à une mission du FMI, Dakar fait le choix de la transparence comme fondement d’un nouveau pacte économique. L’enjeu dépasse la simple gestion technique. Il s’agit de restaurer la confiance, celle des investisseurs, des partenaires, mais aussi des citoyens. Dans un contexte mondial où les flux financiers sont de plus en plus conditionnés à la bonne gouvernance, le Sénégal et le Ghana montrent que l’honnêteté budgétaire est une exigence vitale pour le développement.
Sandrine A.

