Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) a célébré, le 24 mars 2025, ses 40 ans d’existence dans un contexte politique marqué par une dynamique de fidélité à son leader historique, Paul Biya. À travers le pays, des dizaines de meetings ont été organisés, portant un message sans équivoque : un appel à la candidature du président national du parti pour l’élection présidentielle d’octobre 2025. À Mokolo, ville stratégique du département du Mayo Tsanaga, cette célébration a pris des allures de démonstration de force, avec des milliers de militants renouvelant leur allégeance au chef de l’État.
Au-delà de la ferveur populaire, ce mouvement de soutien traduit une volonté manifeste des instances locales du parti de voir Paul Biya briguer un nouveau mandat. Le président de la section RDPC de Mokolo, également maire de la ville, a mis en avant le poids électoral de son fief, fort de plus de 80 000 électeurs, insistant sur l’importance de maintenir la continuité politique incarnée par Biya depuis quatre décennies. Mais derrière ces motions de soutien se cachent des enjeux politiques majeurs qui méritent une analyse approfondie.
Une stratégie bien rodée pour un renouvellement de mandat
L’organisation de meetings simultanés à travers le pays ne relève pas du hasard : il s’agit d’une opération soigneusement orchestrée par l’appareil du RDPC pour baliser la voie à une nouvelle candidature de Paul Biya. Mokolo, en particulier, a été choisi pour son ancrage historique en faveur du parti au pouvoir. En mettant en avant son poids électoral et sa fidélité au régime, la section locale du RDPC envoie un signal fort aux instances dirigeantes, rappelant que certaines circonscriptions demeurent des bastions imprenables pour l’opposition.
L’événement a également été marqué par une scène symbolique : le ralliement en plein meeting d’une centaine d’anciens militants de l’opposition, arborant leurs anciennes couleurs avant d’endosser celles du RDPC. Une mise en scène qui traduit une double stratégie : affaiblir les formations concurrentes tout en renforçant l’image d’un parti fédérateur, capable d’absorber les résistances. Ce ralliement, salué par le ministre de la Santé Manaouda Malachie, confirme que le parti entend consolider son emprise sur l’électorat et préparer le terrain à une victoire écrasante en cas de candidature de Biya.
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Les implications d’un huitième mandat pour Paul Biya
L’appel à la candidature de Paul Biya interroge d’ores et déjà sur l’avenir du Cameroun et la stabilité politique du pays. À 92 ans, l’homme qui dirige le pays depuis 1982 reste un acteur incontournable du paysage politique. Pour ses partisans, un nouveau mandat garantirait la continuité et la stabilité, dans un contexte sous-régional marqué par des tensions politiques et des transitions difficiles dans plusieurs États voisins. Le RDPC présente ainsi Paul Biya comme un rempart contre toute incertitude, misant sur son expérience et son réseau d’influence.
Toutefois, cet appel ne fait pas l’unanimité. Une partie de l’opposition et de la société civile critique cette volonté de reconduire le président, dénonçant un verrouillage du jeu politique et un refus du renouvellement générationnel. La longévité de Biya au pouvoir, si elle rassure une partie de l’électorat, suscite également des interrogations sur sa capacité à répondre aux défis socio-économiques du pays. L’enjeu, pour le RDPC, sera donc de convaincre non seulement ses bastions fidèles, mais aussi une frange de la population aspirant à une évolution du leadership.
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Un pays à la croisée des chemins
Avec ces appels massifs à la candidature de Paul Biya, le Cameroun semble s’orienter vers une nouvelle échéance électorale sous le sceau de la continuité. Le RDPC, en ordre de bataille, a clairement défini sa stratégie : mettre en avant la stabilité et la loyauté pour justifier un énième mandat de son leader. Si Paul Biya décide de répondre favorablement à ces appels, il devra néanmoins faire face à des attentes croissantes en matière de gouvernance et de réformes économiques.
Le scrutin présidentiel de 2025 ne sera donc pas qu’un simple exercice de reconduction du pouvoir en place : il constituera un test de résilience pour un régime en quête de légitimité renouvelée, dans un paysage politique où les aspirations au changement se font de plus en plus pressantes.
Tony A.