Au Niger, plus de doutes, le coup d’État contre le régime de Mohamed Bazoum est malheureusement consommé. Le nouvel homme fort du pays c’est désormais le général Tchiani, chef de la Garde présidentielle nigérienne ayant orchestré le coup de force. Il a été finalement choisi comme président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) pour diriger la transition.
Face à cette officialisation du général Tchiani à la tête du pouvoir, les condamnations venant de l’extérieur se multiplient. C’est le cas notamment de l’Union européenne qui de manière ferme a condamné ce coup d’État militaire. Par ailleurs, elle a également menacé de suspendre « tout appui budgétaire » apporté au Niger. La France, aussi emboite le pas en déclarant ne pas reconnaître les autorités issues du putsch. Dans le même temps le silence criard, de l’ancien président, Mahamadou Issoufou, suscite bien d’interrogations, surtout quand on connait son influence et le lien fort existant entre lui et le président déchu. Aurait-il des envies secrètes de revenir au pouvoir de quelque manière de ce soit après deux mandats ?
Les premières décisions du général Tchiani
Ayant pris les rênes du pays, le général Tchiani n’a pas manqué de montrer qu’il est véritablement aux commandes. Il a au travers d’un nouveau communiqué télévisuel, annoncé que « la constitution du 25 novembre 2010 est suspendue » et que « les institutions issues de la constitution du 25 novembre 2010 sont dissoutes ».
Plus important encore, le général Tchiani s’est attribué tous les pouvoirs en attendant le retour à l’ordre constitutionnel normal. C’est à dire que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie exerce l’ensemble des pouvoirs législatifs et exécutifs » et le président du CNSP « est le chef de l’État et représente l’État du Niger dans les relations internationales ».
« Nous ne pouvons plus continuer avec les mêmes approches, jusqu’ici proposées, au risque d’assister à la disparition progressive et inéluctable de notre pays. C’est pourquoi nous avons décidé d’intervenir et de prendre nos responsabilités », a-t-il martelé. Il a également justifié son action par le fait que les autorités déchues ne laissent entrevoir une véritable solution de sortie de crise. A cela s’ajoute, la mauvaise gouvernance économique et sociale. Ces éléments suscite1s ont eu pour répercussions la dégradation continue de la situation sécuritaire dans notre pays.
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Un silence éloquent pleinement justifié
Généralement, derrière un coup d’État bien ficelé et exécuté à succès par des militaires se cachent très souvent des civiles en attente de la prise effective du pouvoir. Très souvent ces derniers sont à la manœuvre de la déstabilisation du pouvoir en place à travers de nombreuses manigances ou coups bas. Alors selon les rumeurs, une main noire serait à l’origine de ce coup d’État au Niger. Est visé par ces insinuations l’ancien président et allié du président renversé, Mahamadou Issoufou. Ce qui justifierait son silence jusque-là.
Certains évoquent plutôt l’aspect selon lequel l’ancien président aurait choisi de respecter les principes démocratiques et de ne pas commenter ou s’impliquer publiquement dans les affaires politiques en cours, afin de laisser le processus politique suivre son cours légitime. En choisissant ainsi de garder le silence, d’autres estiment qu’il contribue à apaiser la situation. Car l’intervention publique de l’ancien président pourrait aggraver la situation et alimenter davantage de tensions et de violences.
Le général Tchiani, serait-il le joker de l’ancien président Mahamadou Issoufou ? L’avenir nous le dira. Quoi qu’il en soit, il est possible que l’ancien président choisisse de s’impliquer discrètement dans les coulisses pour essayer de résoudre la crise politiquement sans attirer l’attention publique.
Tony A.