mercredi, septembre 18 2024

À la veille de la célébration des 64 ans d’indépendance du Tchad, le président Mahamat Idriss Déby Itno a pris position contre la corruption, un fléau endémique qui gangrène le pays. Dans son message traditionnel de la fête nationale, le président a annoncé une politique de tolérance zéro face aux détournements de fonds publics, marquant ainsi un tournant dans la lutte contre ce phénomène.

Cependant, cette déclaration suscite des réactions partagées, certains saluant l’intention, tandis que d’autres réclament des actions concrètes. Bien que le président Déby ait posé un premier jalon important en déclarant une politique de tolérance zéro à la corruption, le vrai test de son engagement sera la mise en œuvre effective des mesures promises. Les acteurs de la société civile et les observateurs internationaux attendent des actes concrets pour accompagner cette déclaration ambitieuse et transformer le discours en actions tangibles.

Une déclaration ambitieuse contre la corruption, mais des réactions mixtes

Dans son discours, le président Déby a affirmé : « Notre combat contre ce fléau est total. Le gouvernement est instruit pour adopter une politique de tolérance zéro face aux détournements de deniers publics. » Cette prise de position est une réponse directe aux préoccupations croissantes des citoyens et des observateurs internationaux sur l’ampleur de la corruption au Tchad. Selon Transparency International, le pays figure parmi les plus corrompus au monde, ce qui ternit son image sur le plan international et freine les investissements étrangers.

Foullah Baba Isaac, coordonnateur de l’association de lutte contre la corruption et les malversations économiques au Tchad (Alcomet), exprime des réserves quant à l’efficacité de cette déclaration. « Il va falloir d’abord que l’État assainisse son environnement avant de dire à la population qu’il lutte contre la corruption. C’est un discours qui permet de dire aux citoyens : ‘je lutterai plus tard contre la corruption’. » Isaac souligne que pour être crédible, la lutte contre la corruption doit commencer par des réformes internes au sein des institutions gouvernementales.

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L’appel à une lutte réelle contre l’impunité

L’ancien ministre de la Justice, Pr Ahmat Mahamat Hassan, met en lumière la nécessité d’une action concrète contre l’impunité. Il explique : « Si l’État n’est pas fort, que l’autorité n’est pas rétablie et qu’il n’y a pas une lutte efficace contre la corruption et le détournement, le Tchad ne sera pas un pays d’investissement. » Selon lui, des individus ayant détourné des biens de l’État continuent de bénéficier d’une impunité qui compromet la crédibilité de toute politique anticorruption.

Malgré la création récente d’une autorité indépendante de lutte contre la corruption et la ratification de textes juridiques visant à endiguer le phénomène, le scepticisme persiste. Les réformes institutionnelles et les mesures judiciaires doivent être visibles et efficaces pour répondre aux attentes de la société civile et renforcer la confiance des citoyens dans le processus de gouvernance.

 

Sandrine A.

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