lundi, décembre 2 2024

L’archevêque d’Abidjan, Jean-Pierre Kutwa, a déclaré lundi que la candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat, n’était pas nécessaire. Le prélat a laissé entendre que M. Ouattara manquait à son devoir régalien, en annonçant sa candidature polémique. C’est au cours d’une conférence de presse, lundi 31 août, à Abidjan. L’archevêque rejoint ainsi la position de plusieurs « Hommes de Dieu », qui n’avaient pas bien apprécié cette troisième candidature.

« On ne reste pas dans les magnans (fourmis) pour enlever les magnans ». C’est par ces propos que le cardinal Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan critique la position d’Alassane Ouattara, qui veut briguer un autre mandat. « Je ne peux pas ne pas me tourner avec respect vers le Président de la République, chef de l’Etat dont la candidature à ces prochaines élections, n’est pas nécessaire à mon humble avis », a indiqué l’archevêque de la capitale.

Et d’ajouter « Son devoir régalien de garant de la Constitution et de l’unité nationale appelle son implication courageuse, en vue de ramener le calme dans le pays, de rassembler les Ivoiriens, de prendre le temps d’organiser des élections dans un environnement pacifié par la réconciliation. Comme le dit si bien un adage de chez nous : « on ne reste pas dans les magnans pour enlever les magnans », a-t-il martelé.

L’archevêque d’Abidjan dit sortir de son silence « pour ne pas être complice des graves dérapages que nous avons connus en si peu de jours, et que nous ne souhaitons pas revivre ». Allusion faite aux récentes manifestations qui ont fait au moins 6 morts, dans le pays. Ces manifestations ont éclaté, justement, à l’annonce de ce troisième mandat.

La sortie de l’archevêque d’Abidjan contente l’opposition, la réaction du RHDP (2)

L’opposition salue la sortie de l’archevêque d’Abidjan

L’opposition a salué la sortie l’archevêque d’Abidjan, à propos de la candidature de Ouattara pour un autre mandat. Amon Tanoh, ancien ministre des affaires étrangères, qui a quitté le navire RHDP, trouve normale la position de l’Eglise. « Le rôle des religieux est de prendre position sur les faits de société, surtout quand des vies sont en danger », a-t-il déclaré, dans un entretien à un journal local. « On ne peut pas les solliciter pour qu’ils se prononcent quand cela nous arrange et les clouer au pilori lorsqu’ils expriment des avis qui ne nous sont pas favorables », s’est-t-il justifié.

Du côté du pouvoir, on est offusqué par cette prise de position du prélat. Le porte-parole du parti au pouvoir, Adjoumani Kobenan s’est rendu mercredi à la cathédrale Saint Paul du Plateau à Abidjan. Il était à la tête d’une délégation de catholiques du RHDP. Depuis la Cathédrale, Adjoumani a répondu à l’archevêque d’Abidjan : « Force est de constater que votre prise de parole, Eminence, n’aille pas dans le sens de l’apaisement du climat social ».

« Concernant votre affirmation selon laquelle la candidature du Président Alassane Ouattara n’est pas nécessaire. À votre humble avis, nous voudrions vous rappeler que de l’humble avis de très nombreux Ivoiriens de toutes origines, de toutes confessions, cette candidature est celle qui est la plus à même de garantir la paix, la stabilité, le progrès économique et social. Et en conséquence, l’achèvement du processus de réconciliation de la Nation », a déclaré l’ex-cadre du PDCI-RDA.

 

Des inquiétudes sur la crédibilité du scrutin d’après l’archevêque d’Abidjan

Dans ces propos, l’archevêque d’Abidjan a évoqué implicitement cet aspect, arguant que c’est la principale source de conflit. En effet, lorsque les élections ne sont pas transparentes, elles occasionnent des conflits dans le pays. C’est ce qui s’est passé en 2010 avec la crise post-électorale qui a coûté des milliers de vies. L’église étant attachée à la paix et à la stabilité, mais aussi aux droits humains n’a pas manqué de soulever cet aspect. Elle recommande, dans ce sens, un dialogue franc et sincère.

« Concernant la concertation et le dialogue, nous voudrions respectueusement vous rappeler que ceux-ci ont été menés avec la Société civile et les partis politiques et ont abouti à l’élaboration de lois encadrant les futures élections. Ce processus de dialogue politique, piloté par le Chef du Gouvernement, ne s’est jamais interrompu. Et tout au long de ce processus, une attention particulière a été portée au strict respect de la loi. », a insisté le porte-parole du RHDP.

« Notre intime conviction est que le respect de la loi, des institutions de la République et de leur calendrier garantit la crédibilité d’une élection et confère au vainqueur sa pleine légitimité », a-t-il adressé au prélat.

Lire aussi : https://linvestigateurafricain.tg/tribune-cote-divoire-3e-mandat-la-lumiere-du-professeur-martin-bleou-agrege-de-droit-public-et-science-politique/

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