Malgré le récent accord passé entre Abdallah Hamdok et le général Al-Burhane, la transition soudanaise se retrouve au bord du précipice. C’est le constat amer qui découle de l’analyse de la situation politico–sociale du pays. Nouvelle inquiétante, plusieurs soudanais se retrouvent encore maintenus en prison.
Les militaires s’érigent en maitre de la transition soudanaise. Alors d’une main ferme, ils continuent d’exercer le contrôle du pays. Les arrestations massives et les intimidations se poursuivent. Les manifestants anti-putsch sont eux aussi résolus à faire tomber coûte que coûte le général Al-Burhane et ses hommes. Y parviendront-ils ? Pour l’instant, les explications fournies par Abdallah Hamdok quant à son pacte avec le chef des militaires ne convainquent pas.
Des arguments difficiles à avaler
Dans sa logique, le Premier ministre, Abdallah Hamdok est convaincu du fait que pour sauver la transition soudanaise, son accord avec les militaires était nécessaire. Ce n’était en aucun cas un acte égoïste, mais plutôt une décision très difficile prise pour sauver le pays de la violence.
Même si ce pacte présente des insuffisances, il est important de ne pas perdre de vue l’essentiel. C’est-à-dire un retour à la paix. « Il n’y a pas d’accord parfait. C’est un bon accord, un accord avec lequel on peut travailler, et qui pourrait permettre une normalisation de la situation, et permettre au pays d’avancer », a déclaré Hamdok.
Par ailleurs, il estime qu’au-delà des intérêts partisans, la transition soudanaise mérite qu’on lui donne une nouvelle chance. « Cet accord a le potentiel de débloquer la situation. Mais surtout il peut nous permettre de revenir vers un processus politique qui nous amènera à des élections et au transfert du pouvoir a un gouvernement élu et permettra au peuple de choisir le gouvernement de son choix », avait-il précisé.
Une transition soudanaise marquée d’arrestations
Selon Min Hagak, un collectif d’avocats militants, depuis le coup d’État du 25 octobre dernier près d’un millier de personnes ont été arrêtées dans tout le pays. A Khartoum, elles sont estimées à 300. Ce qui augure que l’accord-Burhane-Hamdok n’ont rien changé quant aux méthodes barbares et répressives des militaires.
« Depuis dimanche, il y a eu des arrestations de membres de comités de résistance à Gedaref, Kassala, el-Obeid ou Wad Madani. La plupart du temps, ils comparaissent devant des tribunaux d’urgence, comme à l’époque d’Omar al-Bachir. Certains sont accusés de troubles à l’ordre public d’autres font face à des charges plus graves comme insulte à l’armée ou espionnage et finissent directement en prison », a déploré un avocat dudit collectif.
Toutefois, les soudanais peuvent se réjouir de la libération de certaines personnalités politiques comme Saddiq Saddiq al-Mahdi, du parti Oumma, de encore Yasir Arman du Mouvement de libération populaire du Soudan. L’ancien ministre de l’Information, Faisal Mohammed Saleh, a également recouvré sa liberté.
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