La tournée du président français, Emmanuel Macron en Afrique est fièrement portée par les médias, comme si tout le continent dépendait de l’Europe et mieux encore de la France. La faim et la guerre étant les principaux indicateurs qui définissent l’image du continent dans les médias, c’est à se demander si M. Macron va instruire à ses homologues la marche à suivre pour nourrir un continent dont la majeure partie de la population est agricole et vit de cette activité.
Pour tout observateur avisé, les réelles raisons qui sous-tendent cette tournée de Macron en Afrique se trouvent bel et bien ailleurs. Aussi pourrait-on éviter de rendre plus furieux ces jeunes activistes africains qui à ce jour ont réussi à porter un coup dur à l’image de la France en Afrique. Car c’est, sans nul doute, le non-dit de ce voyage du président Macron. Redorer l’image de la France en Afrique, tout en redorant celui de ses homologues visités.
Macron en Afrique, une opération de charme et reconquête de sa position
Bien que les accords bilatéraux ne soient pas nouveaux, cette phase d’accélération de la politique africaine de Moscou sur le continent en matière de sécurité ne peut faire plaisir aux occidentaux. Le 12 avril dernier, un nouvel accord de coopération militaire a été signé discrètement entre le Cameroun et la Russie, allongeant ainsi le chapelet des pays africains signataires de ce type d’accords militaire et économique. Le président Emmanuel Macron se trouve donc dans l’obligation de freiner d’un coup de maitre l’expansion menaçante de l’armée russe en Afrique.
Il va sans dire que le président français va indiquer aux Africains la marche à suivre dans la construction des blocus sécuritaires. Mais aussi dénoncer le fait que signer des accords avec la Russie est dangereux pour leur sécurité. Sur le Plan commercial, la France perd du terrain au profit de la Turquie, de l’Inde et de la chine, qui aujourd’hui ne lui permettent plus de s’octroyer les grandes parts du marché africain. Ainsi donc, Emmanuel Macron en Afrique va tenter d’arrêter la chute vertigineuse de la balance commerciale entre Paris et l’Afrique.
Le coach vient-il orienter ses coachés et cela à tambours battants ? En tout cas, il faut dire aux jeunes et décideurs africains que l’inflation sur le continent dépend essentiellement, de la folie du Président Russe et qu’ils devraient désormais empêcher leurs gouvernants de soutenir celui qui fait actuellement souffrir le continent.
Toutefois dans sa quête de repositionnement, la France a tout intérêt à retrousser les manches, si elle ne veut pas se voir arracher 100% de ses intérêts économiques en Afrique. Surtout au vu de l’effet néfaste sur son image qu’a eu ces dernières années, l’activisme anti-français en Afrique.
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Le président Emmanuel Macron fait un pied de nez à certains homologues
Cette tournée du président Emmanuel Macron en Afrique revêt également d’autres connotations. En effet, ce dernier a évité certains pays qu’on peut considérer comme partenaires de la France pour rendre visite à leurs voisins. C’est le cas des pays qui ont intégré le Commonwealth tout récemment.
L’éviction de ces derniers alors qu’il passe juste à côté d’eux, peut être interprétée comme le signe d’un mécontentement du « Patron français » relativement à l’intégration du Commonwealth. Qui pour les punir ne passera pas les voir. Mais encore une fois, ces agissements, s’ils étaient productifs dans un passé, risquent de ne plus avoir le même écho.
L’urgence en Afrique est la croissance et une visite du président Emmanuel Macron ne pourrait favoriser la croissance du niveau de vie des populations. Sur un autre plan, cette visite à triple vitesse du maitre sur le continent regorge un intérêt stratégique pour le locataire du Palais de l’Unité qui se voit encore une fois légitimé et reconnu dans son rôle par celui dont la proximité renforce la confiance des investisseurs européens.
Une nouvelle consécration pour le Président Paul Biya et un message fort à son opposition qui autre fois croyait au rêve d’une France de l’égalité et de la fraternité envers ceux qui se déclarent opprimés. Faudrait-on comprendre pour la énième fois le signal de priorité politique accordée par un pays à tout un continent ? De ce signal, il en ressort que le principe de la réciprocité reste, dans ce cas, vraiment une théorie.
Guy-victoire Kanikatoma SANBENA
Expert ès qualités en Gestion des Projets Agrée près des cours et tribunaux du Togo
Consultant en Communication institutionnelle